UNE ÉQUIPE AMÉRICAINE est parvenue à prolonger la vie de souris atteintes de sclérose latérale amyotrophique (SLA) par une approche de thérapie génique. La stratégie développée consiste à activer la production d’un puissant antioxydant dans les cellules qui entourent les motoneurones. La molécule surproduite agirait alors en protégeant les motoneurones de la dégénérescence, conduisant à un retard dans l’apparition des symptômes de la maladie et à un ralentissement de sa progression. Ces effets conduisent à une augmentation de l’espérance de vie des souris pouvant atteindre 21 jours, l’équivalent de 10 ans d’une vie humaine.
La SLA est caractérisée par la perte des motoneurones de la corne antérieur de la moelle et du tronc cérébral. L’étiologie de la maladie est encore mal comprise, mais diverses données indiquent que la mort des motoneurones serait provoquée par les cellules de soutien qui les entourent. Il semble en outre que l’oxydation serait un élément clé du processus de neurodégénérescence associé à la SLA. Cependant, l’administration de molécules antioxydantes ne semble pas suffire pour enrayer le processus, probablement parce qu’il est difficile d’adresser une quantité suffisante de ces molécules dans l’environnement direct des motoneurones.
La synthèse endogène de glutathion.
Souhaitant contourner ce problème, Jeffrey Johnson et ses collaborateurs de l’université Wisconsin-Madison ont eu l’idée d’agir sur la synthèse endogène d’un antioxydant, le glutathion. La biosynthèse de cette substance dépend du produit du gène NrF2, une protéine qui contrôle l’expression d’un bon nombre des molécules impliquées dans les mécanismes de protection contre les radicaux libres. En ajoutant des copies supplémentaires de ce gène dans le génome des astrocytes, il est possible d’obtenir une augmentation significative de la biosynthèse de glutathion. Les chercheurs ont décidé de tester l’effet d’un tel système sur la progression de la SLA.
Johnson et son équipe ont produit une lignée de souris génétiquement modifiées porteuses d’une copie supplémentaire du gène NrF2. Ce gène thérapeutique ne peut s’exprimer que dans les astrocytes des souris. Ces animaux ont ensuite été croisés avec des souris porteuses d’une mutation génétique qui déclenche une maladie très semblable à la SLA. Les chercheurs ont ainsi pu obtenir des souris atteintes de SLA et porteuses du gène thérapeutique.
Il est apparu que la présence du gène thérapeutique retarde l’apparition des premiers symptômes de la SLA de 17 jours et prolonge la vie des souris de trois semaines.
Ces résultats laissent rêveurs. Il faut cependant garder en tête que tout ce qui fonctionne chez la souris ne fonctionne pas nécessairement chez l’humain. Récemment, plusieurs approches thérapeutiques qui s’étaient montrées prometteuses dans le modèle murin de la SLA se sont avérées très décevantes lorsqu’elles ont enfin pu être testées chez l’humain.
Quoi qu’il en soit, l’insertion d’une copie surnuméraire du gène NrF2 dans le génome humain est difficilement envisageable. C’est la raison pour laquelle Johnson et son équipe sont déjà à la recherche de molécules capables de pénétrer dans le système nerveux central pour activer l’ensemble du système commandé par le produit de NrF2.
M. Vargas et coll., « J Neurosci » du 10 décembre 2008, vol. 28, pp. 13574-13581
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?