« Évaluer l’impact en maisons de retraite d’un programme d’optimisation thérapeutique collaboratif sur le taux de prescriptions potentiellement inappropriées (PPI) d’anticholinergiques » : tel était l’objectif de l’étude DemAsCH (Démasquer les AntiCHolinergiques).
Ce projet, lancé en octobre 2017 par la Fondation Korian pour le Bien-vieillir avec le soutien de l’Association du bon usage du médicament, a été mené en collaboration avec le groupe Vidal, l’équipe de recherche du Gérontopole « Bien Vieillir en Champagne-Ardenne » et la société Medissimo.
« La difficulté avec les anticholinergiques est qu’il ne s’agit pas d’une classe de médicaments mais d’une propriété que l’on retrouve dans plus de 90 médicaments », fait remarquer le Dr Paul-Émile Haÿ, directeur médical et soins de Korian France Seniors. Il est donc très difficile, voire quasiment impossible, pour le médecin prescripteur, d’identifier de façon systématique les traitements aux propriétés anticholinergiques et, donc, de les substituer.
Miser sur la communication
L’étude, menée pendant 18 mois, incluait 23 autres établissements témoins (5 210 résidents), dans lesquels aucune action de communication sur les anticholinergiques n’était menée, et dix établissements intervention (2 421 résidents) dans lesquels les médecins coordonnateurs, tous volontaires, devaient aider les médecins prescripteurs et les pharmaciens à réduire les prescriptions d’anticholinergiques.
Ces médecins coordonnateurs avaient à leur disposition différents outils d’identification des médicaments anticholinergiques et de proposition d’alternatives. Pour organiser au mieux leurs actions de communication, ils recevaient, chaque mois, les indicateurs de prescription d’anticholinergiques de leur établissement ainsi que les données globales de l’ensemble des établissements, de manière à leur permettre de comparer leurs indicateurs à la moyenne du groupe intervention et du groupe témoin.
Bons résultats quantitatifs et qualitatifs
In fine, l’étude a permis d’obtenir une baisse significative de 14 % des prescriptions de médicaments anticholinergiques dans le groupe intervention comparé au groupe témoin. « Des chiffres particulièrement intéressants, estime le Dr Haÿ. Tout d’abord parce que la puissance statistique de l’étude est bonne, une fois les biais inhérents à ce genre d’étude intégrés, ce qui signifie qu’il ne s’agit pas simplement d’une tendance mais bien d’une modification des PPI ». Ensuite, si ces dernières années en France, la tendance générale est à la baisse des prescriptions d’anticholinergiques de la part des médecins généralistes, « nos résultats vont au-delà de cette baisse de fond, ajoute le médecin. Et quelle que soit la période, le groupe intervention est toujours meilleur, en termes de réduction des prescriptions, que le groupe observation, ce qui signifie que le volontarisme des médecins coordonnateurs a un véritable impact ».
Sur le plan qualitatif, les retours des médecins coordonnateurs sont très encourageants : « ils nous ont indiqué que l’étude s’était déroulée sans opposition, sans heurt ni contrariété quelconque exprimée par les médecins prescripteurs et les pharmaciens », précise le Dr Haÿ tout en relevant la simplicité et la démarche respectueuse des actions de communication déployées.
Pour le Dr Haÿ, « la puissance de l’étude et ses enseignements qualitatifs nous invitent à la déployer à plus large échelle au sein de nos établissements, ce que nous avons d’ailleurs commencé à faire ». En attendant le déploiement d’une seconde étude DemAsCH II, « à plus grande échelle, avec une méthodologie beaucoup plus puissante », conclut-il.
D’après une communication de la Fondation Korian pour le Bien-Vieillir
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