La pollution de l'air n'est décidément pas très compatible avec le réarmement démographique. Selon une nouvelle étude australienne présentée en ouverture du 40e congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine (ESHRE), les taux de naissances vivantes après fécondation in vitro (FIV) est également plus faible dans les régions exposées à un taux de particules fines plus important.
On savait déjà que l'exposition maternelle à une mauvaise qualité de l'air augmente le risque d'hypotrophie fœtale, et ce, même à des niveaux inférieurs aux normes fixées par l’Union européenne. Et plus tôt cette année, une équipe française avait démontré une atteinte du placenta.
L’impact de la pollution sur la FIV est loin d’être anodin. L'exposition aux particules fines (PM10) au cours des deux semaines précédant le prélèvement des ovocytes peut réduire les chances d'obtenir une naissance vivante de près de 40 %. D’après les données de plus de 4 659 transferts d'embryons congelés, les chercheurs montrent que le quartile de ceux réalisés chez les couples les plus exposés (18,63 à 35,42 µg/m3) avait 38 % de chances en moins de naissances vivantes que le quartile des moins exposés (7,08 à 12,92 µg/m3).
L'augmentation de l'exposition aux PM2,5 au cours des trois mois précédant le prélèvement des ovocytes était également associée à une diminution des chances de naissances (24 % de chance en moins). Il est important de noter que l'impact négatif de la pollution atmosphérique a été observé malgré une qualité globale de l'air pendant la période d'étude, les niveaux de PM10 et PM2,5 n’étant au-delà des normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) seulement 0,4 % et 4,5 % des jours d'étude. Dans un commentaire, l'ESHRE rappelle qu’en 2021, 97 % de la population urbaine de l’Union européenne a été exposée à des concentrations de PM2,5 supérieures au seuil de l’OMS, c’est-à-dire 5 µg/m3.
Les mères porteuses, à risque de complications
Selon d'autres résultats présentés en séance plénière, la gestation pour autrui expose les mères porteuses à un risque accru de morbidité maternelle par rapport aux femmes qui conçoivent naturellement ou par fécondation in vitro (FIV). L'étude est basée sur un registre de 937 938 naissances uniques en Ontario, où la gestation pour autrui est autorisée. Chez les mères porteuses, le taux de morbidité maternelle sévère est de 7,1 %, nettement plus élevé que ceux observés dans les conceptions non assistées (2,4 %) et les conceptions par FIV (4,6 %).
Les complications les plus fréquentes sont les hémorragies post-partum (13,9 % contre 5,7 %) et les troubles hypertensifs (13,9 %, contre 6,6 %). Les chercheurs estiment que plusieurs mécanismes pourraient expliquer ce risque accru, à commencer par l’état de santé initial et les caractéristiques sociodémographiques, les différences potentielles dans les soins et le suivi prénatals, ainsi que l’impact physiologique et psychologique associé au fait de porter une grossesse pour une autre personne. En dépit du risque élevé de morbidité maternelle sévère et d’issues de grossesse défavorables, les auteurs de l’étude n’ont pas constaté de différence significative pour la santé des bébés jusqu’à 28 jours après la naissance.
Un espoir pour améliorer l’implantation
Dans un registre plus positif, les chercheurs de la biotech espagnole Oxolife ont présenté les résultats de l'étude de phase 2 d'un médicament oral destiné à améliorer les taux d'implantation lors de fécondation in vitro (FIV) avec ou sans injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) en améliorant la qualité de l'endomètre (le mode d'action exact n'est pas détaillé par Oxolife). Cet essai randomisé, en double aveugle contre placebo, a inclus 96 femmes, âgées de 40 ans au maximum, prises en charge dans 28 centres européens d'assistance à la procréation où elles ont connu un premier échec de FIV.
Le traitement a commencé le cycle menstruel précédant le transfert d'embryon et s'est poursuivi jusqu'à cinq semaines après. L'implantation a été réussie chez 75,9 % des femmes du groupe traité contre 52,4 % chez celles du groupe placebo. Dix semaines après l'implantation, 50 % des femmes du groupe traité étaient toujours enceintes, contre 35,7 % seulement dans le groupe placebo. Mais le résultat le plus important est celui du taux de naissances vivantes : 42,6 % dans le groupe traité contre 35,7 % pour le placebo. Ces résultats doivent être confirmés dans une étude de phase 3.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?