Dans la fécondation in vitro (FIV), la technologie « time-lapse », qui permet de voir le développement de l’embryon en accéléré à travers des milliers d’images enregistrées lors de la croissance, est utilisée par certains praticiens comme technique de dépistage préimplantatoire. Malgré les informations fournies pour la sélection des meilleurs embryons, cette technique n'améliorerait pas les chances de naissances vivantes par rapport aux méthodes conventionnelles.
Dans The Lancet, des chercheurs britanniques présentent les résultats d’un essai contrôlé randomisé mené auprès de 1 575 participantes ayant recouru à une FIV dans sept centres au Royaume-Uni et à Hong Kong. Ces femmes âgées de 18 à 42 ans ont été réparties en trois groupes aux caractéristiques similaires : un groupe de participantes a reçu des embryons sélectionnés par time-lapse, un autre a bénéficié de l'évaluation seule par time-lapse (la technique n’a pas servi à la sélection) et le troisième a été évalué de façon conventionnelle par microscope optique sur une culture d'embryons dans des incubateurs standards.
Dans les trois groupes, les taux de naissances vivantes pour les embryons étaient similaires : respectivement de 33,7 % dans le groupe sélectionné par « time-lapse », de 36,6 % dans le bras avec évaluation seule par time-lapse et de 33 % dans le groupe témoin. Les taux de grossesses étaient de 42,2 %, de 43,4 % et de 40,9 %, respectivement.
Des avantages théoriques non confirmés en pratique
L’avantage théorique repose sur le maintien des embryons dans les incubateurs, minimisant les fluctuations de température, d'humidité, de pH et de concentrations de gaz susceptibles d’affecter le développement. Pourtant, une revue Cochrane (publiée pour la première fois en 2015 et mise à jour pour la dernière fois en 2019) incluant 2 955 participantes issues de neuf essais avait déjà rapporté l’absence de différences significatives entre les techniques. « La qualité des preuves a toutefois été jugée faible à très faible », relèvent les auteurs. Ce nouvel essai confirme les premiers résultats.
« Cela montre que les avantages théoriques de la technologie avancée ne se traduisent pas toujours par de meilleurs résultats cliniques », commente dans un communiqué la Dr Priya Bhide, du Centre de santé publique et de politique de l'Institut Wolfson (Londres). « Notre essai fournit des preuves que les machines d’imagerie accélérée ne sont peut-être pas un équipement essentiel dans les laboratoires de FIV, en particulier quand leurs ressources sont limitées, ajoute le Dr David Chan, directeur de laboratoire à l’hôpital Prince of Wales de l'université chinoise de Hong Kong. Au lieu d’investir massivement dans ces appareils, ils pourraient se concentrer davantage sur des équipements ayant un impact direct et mesurable sur les taux de natalité vivante. »
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