Les chercheurs du centre médical Cedars-Sinai de Los Angeles se sont attelés à analyser sur le plan moléculaire près de 400 000 cellules de patientes atteintes d'endométriose. Leur étude, parue dans « Nature Genetics », devrait permettre d'aller plus loin dans la compréhension de cette maladie, d'identifier des biomarqueurs et des pistes de traitement.
Cette cartographie de l'endométriose peut être utilisée par les chercheurs du monde entier. Elle a déjà été mise à contribution pour tester des cibles thérapeutiques dans un modèle de souris de la maladie.
Bien que l'endométriose touche environ 10 % des femmes, « nous en savions étonnamment peu sur les profils moléculaires des cellules de l'endométriose par rapport à de nombreuses autres maladies, constate « Quotidien » Kate Lawrenson, autrice senior de l'étude. Il est donc beaucoup plus difficile de comprendre comment la maladie se développe, comment nous pouvons la diagnostiquer plus facilement et la traiter plus efficacement. »
C'est donc pour pallier ce manque que ce travail a été mené, à l'aide d'une approche génomique sur cellule unique. « Cette nouvelle technologie passionnante nous permet d'examiner le profil moléculaire d'une maladie, cellule par cellule, ce qui offre une multitude de nouvelles perspectives sur la biologie de la maladie, précise la chercheuse. C'est une étape importante pour faire la différence pour les dizaines de millions de personnes qui souffrent d'endométriose. »
L'endométriose se caractérise par la présence de cellules de la muqueuse utérine ou de cellules similaires au tissu endométrial en dehors de la cavité utérine, pouvant entraîner des douleurs chroniques et une infertilité.
Similitudes avec le cancer
Les chercheurs ont analysé les données issues des cellules de 21 femmes, certaines souffrant d'endométriose et d'autres non, afin de dresser le profil moléculaire des nombreux types de cellules qui contribuent à la maladie. « Nous avons généré un atlas cellulaire de l'endométriose après avoir analysé près de 400 000 cellules de ces patientes. Nous avons pu identifier les différences moléculaires entre les principaux sous-types de l'endométriose, y compris la maladie péritonéale et l'endométriome ovarien », détaille Kate Lawrenson.
Pour Matthew Siedhoff, co-auteur, « l'identification de ces différences cellulaires à un niveau aussi détaillé devrait nous permettre de mieux comprendre les origines, la progression naturelle et les cibles thérapeutiques potentielles du traitement ». Actuellement, « nous sommes limités à l'hormonothérapie et à l'excision chirurgicale, avec un succès variable et une récurrence fréquente de la maladie », estime-t-il.
Par ailleurs, des similitudes entre endométriose et cancer ont été observées. « L'endométriose peut se propager dans tout le corps, elle se comporte donc à bien des égards comme un cancer. Mais pourquoi se comporte-t-elle comme un cancer alors qu'elle en devient rarement un ?, interroge Kate Lawrenson. Les projets de séquençage de nouvelle génération à grande échelle ont été incroyablement utiles pour comprendre le fonctionnement du cancer et concevoir des thérapies ciblées. Nous espérons qu'il en sera de même pour l'endométriose. »
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