Trois types de facteurs
Trois types de facteurs ont été mis en cause : des facteurs génétiques (atopie familiale), des facteurs exogènes (exposition de la mère pendant la grossesse, administration prénatale de progestérone), des facteurs altérant la flore intestinale (naissance par césarienne, antibiothérapie chez le nouveau-né).
La plupart des études se sont intéressées à l’influence d’un facteur de façon isolée. L’objectif du travail effectué par l’équipe de R. Hatahet * était d’évaluer l’association entre des expositions maternelles durant la grossesse et en période périnatale et le risque d’allergie alimentaire chez les enfants à 6 mois de vie et d’identifier des interactions entre les différentes expositions.
Les nouveau-nés ont été recrutés entre janvier 2006 et novembre 2007 dès leur naissance dans quatre maternités de la région Lorraine (CHG de Forbach, Thionville, Luneville et Saint Avold).
L’inclusion était réalisée à la maternité après information et consentement des parents pour que leur enfant soit suivi pendant 6 mois. Les patients recevaient une information sur les signes évocateurs d’une allergie alimentaire à signaler au cours de l’étude.
Au total, 1 935 nouveau-nés, nés, à terme pour 90 % d’entre eux (52,7 % de garçons), ont été inclus ;
141 ont développé dans les 6 mois une allergie alimentaire confirmée par un bilan allergologique, 80 étaient nourris exclusivement par du lait infantile à base de lait de vache, 60 recevaient une alimentation mixte (allaitement et lait infantile) et un seul était exclusivement nourri au sein.
Chez ces enfants, l’allergie alimentaire s’est manifestée par des diarrhées ou des éruptions cutanées.
Antécédents parentaux
En analyse multivariée, la survenue d’une allergie alimentaire était significativement associée aux antécédents parentaux (atopie maternelle et atopie paternelle) ainsi qu’à l’âge de la mère à l’accouchement.
Le sexe masculin et l’alimentation exclusive ou non par formule lactée durant le séjour à la maternité étaient également associés au développement d’une allergie alimentaire.
En revanche, les facteurs exogènes (prise de progestérone par la mère, travaux de rénovation de l’habitat, tabagisme maternel, consommation d’aliments allergènes pendant la grossesse, allaitement maternel), les facteurs altérant la flore intestinale (accouchement par césarienne quand la mère est atopique et prescription d’une antibiothérapie au nouveau-né) n’étaient pas significativement associés au développement d’une allergie alimentaire.
Polarisation Th2
Aucune interaction significative n’a été retrouvée entre les différents facteurs : facteurs génétiques et facteurs altérant la flore intestinale, facteurs génétiques et facteurs exogènes pour lesquels une polarisation des lymphocytes Th2 excessive a été mise en évidence dans le sang du cordon, facteurs alternant la flore intestinale et facteurs exogènes pour lesquels une polarisation Th2 excessive a été démontrée dans le sang du cordon. En ce qui concerne les facteurs génétiques, lorsque les deux parents étaient atopiques, l’atopie maternelle et l’atopie paternelle interagissaient significativement en potentialisant le risque d’allergie alimentaire chez l’enfant.
Cette étude confirme le rôle du terrain génétique dans le développement d’une allergie alimentaire et apporte des arguments convaincants sur l’impact de l’alimentation par formule lactée dans les premiers jours de la vie sur le risque d’allergie alimentaire.
En revanche les résultats de l’analyse multivariée ne sont pas concordants avec d’autres études : aucun lien n’a été retrouvé entre allergie alimentaire et naissance par césarienne, entre allergie alimentaire et allaitement maternel.
Ces données permettent de donner des recommandations en terme de prévention primaire de l’allergie alimentaire et notamment sur l’administration des formules lactées dans les premiers jours de la vie.
Congrès National d’Asthme et d’Allergie. De l’enfant à l’adulte/de la recherche à la clinique. Communication du Dr R.Hatahet.
*R. Hatahet Service de Pédiatrie-Néonatalogie CHG Marie-Madeleine Forbach) C. Latarche, L. Aubert, P. Frentz, M. Hrovat, M. Morisset, D. A. Moneret-Vautrin.
Médecine Interne, immunologie clinique et allergologie, CHU Nancy, INSERM, CIC-EC CIE6 Nancy ; CHU Nanc, Épidémiologie et évaluation clinique, Nancy, Maternité, Clinique Saint-Nabor, Saint Avold.
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