La hausse des interruptions volontaires de grossesse (IVG), observée après une baisse liée à la pandémie de Covid en 2020, s’est poursuivie en 2023. Par rapport à 2022, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) chiffre cette augmentation à 3,7 %. L’année passée, la France avait atteint son plus haut niveau d’IVG depuis 30 ans.
Selon l’étude publiée ce 25 septembre, 243 623 IVG ont ainsi été enregistrées en France, soit 8 600 de plus qu'en 2022. Le taux de recours à l’IVG atteint ainsi 16,8 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 2023, contre 16,4 ‰ en 2021 et 15,1 ‰ en 2020.
Les femmes majeures de tous âges sont concernées, mais la hausse se révèle plus marquée chez les 20-34 ans : 28,2 ‰ en chez les 20-24 ans (+1 point depuis 2022), 29,9 ‰ chez les 25-29 ans (+1,2 point depuis 2022) et 25,8 ‰ chez les 30-34 ans (+1,1 point depuis 2022).
D’importantes variations entre l’hexagone et les DROM
D’importantes disparités régionales sont observées, avec par exemple un rapport d’« un à quatre entre Les Pays de la Loire et la Guyane », est-il souligné. Les taux de recours varient, en France métropolitaine, de 12,4 ‰ en Pays de la Loire à 23,3 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et, dans les DROM, de 19,4 ‰ à Mayotte et 48,9 ‰ en Guyane.
Autorisées à partir de 2005 en ville, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle, les IVG sont aujourd’hui pratiquées à 41 % en dehors des établissements de santé (10 400 IVG de plus en un an). La méthode médicamenteuse représente 79 % de l'ensemble des IVG : 48 % de ces IVG ont eu lieu en établissement de santé, 46 % en cabinet libéral et les 6 % restants en centre de santé ou de santé sexuelle, est-il détaillé.
En établissement de santé, les trois quarts des IVG interviennent entre 5 et 9 semaines d’aménorrhée (SA). Alors que la durée légale pour les IVG réalisées en établissement de santé est passée de 14 à 16 SA, les IVG dites tardives (à partir de 12 SA) n’ont représenté en 2023 que 9,5 % de l’ensemble des IVG hospitalières. « Parmi ces dernières, la part d’IVG concernées par l’allongement du délai légal est estimée à 2,5 % des IVG hospitalières soit 1,5 % du total des IVG », indique la Drees.
Un nombre accru de professionnels impliqués
Les professionnels de ville ayant pratiqué une IVG en 2023 étaient des sages-femmes (1 208), des gynécologues médicaux ou gynéco-obstétriciens (902), des généralistes (1 007) ou des médecins d’autres spécialités (53). Depuis 2020, ce sont 814 soignants libéraux supplémentaires qui ont réalisé cet acte. « La hausse concerne surtout les sages-femmes (+693), alors que la tendance est à la baisse chez les gynécologues médicaux et obstétriciens (-42) », précise la Drees.
Pour expliquer la hausse du nombre d’actes, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, a déploré sur France info qu’il y ait « très peu d'informations autour de la contraception ». Et de rappeler : « Cela fait 10 ans qu'il n'y a pas eu de campagne nationale ». Elle a également cité les dernières données publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le recul du port du préservatif chez les jeunes, avec près d’un tiers des adolescents déclarant un dernier rapport sexuel non protégé.
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