UNE BONNE NOUVELLE est arrivée, en début d'année, pour les femmes qui utilisent un contraceptif oral : une métaanalyse britannique montrait que la pilule protège du cancer de l'ovaire plus de 30 ans après l'avoir arrêtée.
Le Collaborative Group on Epidemiological Studies of Ovarian Cancer a réuni les données de 45 études épidémiologiques sur cette tumeur. Ainsi ont été analysés les dossiers de plus de 23 000 femmes atteintes et de plus de 87 000 témoins, regroupées dans 21 pays. Ensuite ont été calculés les risques en fonction de l'utilisation d'une contraception orale, de l'âge, de la parité et de la notion d'hystérectomie. Sur cette vaste population, il est apparu que 7 308 femmes atteintes (31 %) avaient pris la pilule, 4,4 ans en moyenne, et que 32 717 témoins (35 %) l'avaient prise pendant 5 ans en moyenne. L'âge moyen du diagnostic de cancer de l'ovaire était de 56 ans.
Surtout, les auteurs ont constaté que plus la contraception orale avait duré longtemps, plus le risque s'affaiblissait. De même l'effet protecteur, même s'il s'amenuise avec le temps, a persisté au-delà de trente ans. Ainsi la réduction de risque est de 29 % lorsque l'arrêt est intervenu moins de dix ans auparavant ; de 19 % pour un arrêt réalisé entre dix et dix-neuf ans auparavant ; de 15 % lorsque la pilule a été cessée entre vingt et vingt-neuf ans plus tôt.
Les dosages en estrogènes.
Un point mérite d'être relevé, il porte sur les dosages en estrogènes. La protection a été similaire que la pilule ait été prise au cours des années 1960, 1970 ou 1980, alors qu'entre les deux périodes extrêmes les estrogènes ont été diminués de moitié.
Un autre constat apparaît dans la métaanalyse. Les formes mucineuses de cancer de l'ovaire (12 %) ne sont que peu concernées par la contraception orale.
Au-delà de l'intérêt individuel, ce travail ouvre des perspectives dans le domaine de la santé publique. Les auteurs ont calculé que, dans les pays favorisés, l'utilisation d'une contraception orale permettrait d'éviter 100 cancers de l'ovaire et un décès avant l'âge de 75 ans pour 5 000 années/femmes. La pilule devrait éviter 30 000 de ces tumeurs annuellement au cours des années à venir, si l'on tient compte qu'une centaine de millions de femmes l'utilisent dans le monde.
L'intérêt majeur de ce travail réside dans la vaste population de l'enquête. Les Britanniques expliquent, en effet, que, comme le cancer ovarien n'est guère fréquent chez la femme jeune et que son incidence augmente avec l'âge, évaluer sa réduction se fonde sur la persistance de la protection après l'arrêt de la pilule. La contraception orale a, de plus, été associée à une réduction du risque de cancer endométrial et colorectal.
Lancet, vol 371, 26 janvier 2008, pp. 303-314.
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