Sous couvert de relancer la natalité en pleine déprime, le gouvernement italien a approuvé un dispositif autorisant les associations pro-vie, à accéder aux plannings familiaux du service public qui pratiquent les IVG. Une victoire pour ces organisations qui ont lancé une pétition en novembre dernier pour demander au parlement italien, de modifier la loi sur l’avortement adoptée en 1978.
Officiellement, ce texte n’autorise pas ces organisations à faire pression sur les femmes. Mais l’objectif de la majorité d’extrême droite étant de réduire le nombre d’IVG sans modifier la loi, ce texte autorise les régions italiennes à impliquer les organisations dont l’objectif est de « soutenir la maternité et les grossesses » dans les services des plannings familiaux. À condition toutefois, qu’elles puissent justifier leur expérience dans ce domaine. C’est donc laisser les mains libres aux associations pro-vie qui ont déjà planté leurs drapeaux dans certaines régions comme le Piémont par exemple. Cette région gouvernée par le centre droit depuis 2019, a créé en 2022 un fonds intitulé « Vita Nascente » (la naissance de la vie), alimenté par 400 000 euros de fonds publics. Cette somme a été versée à des associations pro-vie qui l’ont ensuite redistribuée sous forme d’aide aux femmes en situation de vulnérabilité ayant renoncé à se faire avorter. En février dernier, la région a décidé d’augmenter ce fonds à hauteur d’un million d’euros.
Un nombre grandissant de médecins objecteurs de conscience
Le dispositif gouvernemental est un nouveau coup dur pour les femmes dans un pays où les conditions d’accès à l’IVG se restreignent progressivement. Sur le plan administratif, les Italiennes doivent obtenir un certificat médical leur permettant d’avorter dans les délais prévus par la loi, ce qui n’est pas toujours le cas en raison du climat anti-avortement qui règne dans toute la péninsule. À preuve, le nombre grandissant de gynécologues objecteurs de conscience. Selon un rapport transmis l’an dernier par le ministère de la Santé au Parlement, 63,4 % de gynécologues, 40,5 % d’anesthésistes et 32,8 % d’infirmiers se retranchent derrière la notion d’objecteurs comme le prévoit la loi. Un autre rapport rédigé par le ministère de la Santé affirme que 63 400 IVG ont été effectuées sur l’ensemble du territoire en 2021, un chiffre en diminution de 4,3 % par rapport à l’année précédente. Aucune statistique plus récente n’a été publiée depuis.
Depuis son arrivée aux commandes du pays en octobre 2022, le gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni, la fondatrice du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), a promis de s’atteler sérieusement à la dénatalité qui fait de l’Italie, le plus vieux pays d'Europe, et le deuxième plus vieux au monde à l’échelle mondiale derrière le Japon. « La natalité est une priorité essentielle pour le gouvernement », martèle ponctuellement la cheffe du gouvernement italien qui a récemment promis de dégager 16 milliards d’euros d’ici à la fin de l’année sous forme d’aides pour inciter les ménages à faire des enfants. Entre-temps, le Parlement aura probablement adopté le dispositif sur l’implication des associations pro-vie dans les plannings familiaux, la première étape selon le gouvernement pour relancer la natalité. Car même si l’opposition promet de livrer bataille pour enfoncer un dispositif menaçant la liberté de choix et l’application de la loi sur l’IVG, le bloc des droites qui a la majorité au Parlement pourrait l’emporter facilement.
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