Stoppée le 26 avril 2023, l’activité de la maternité de Guingamp a vu son arrêt reconduit jusqu’au 31 octobre prochain, a indiqué le 15 avril l’agence régionale de santé (ARS) Bretagne. « Malgré les actions entreprises, le nombre de soignants, notamment au niveau des effectifs de gynécologues obstétriciens, reste insuffisant pour garantir la sécurité des prises en charge », a précisé la tutelle. Les femmes doivent accoucher à Saint-Brieuc, Lannion ou à la clinique de Plérin.
C’est très compliqué de reconstituer une équipe
Dr Olivier Quéré, vice-président de la CME de l’hôpital de Guingamp
Vice-président de la commission médicale d’établissement (CME), le Dr Olivier Quéré est plutôt pessimiste sur l’avenir : « Cela n’a pas été une volonté de l’hôpital de fermer la maternité. C’est très compliqué de reconstruire une équipe », analyse le pneumologue. Même sentiment chez Samuel Froger, le directeur de l’établissement qui se dit « réservé » sur la constitution d’une nouvelle brigade dédiée.
Le suivi des grossesses maintenu
Toutefois, le suivi obstétrique des femmes sera poursuivi, et même renforcé dans une démarche (très dans l’air du temps) d’aller-vers. Auparavant, lorsqu’une maternité fermait, elle était remplacée par un centre de périnatalité de proximité que faisait tourner une équipe de sages-femmes. La donne a changé, l’évolution va vers une coordination et le partage de temps de travail dans les territoires. Ainsi, dans le bassin de vie autour de Guingamp, à partir de mai, deux équipes mobiles composées de sages-femmes et de puéricultrices viendront en renfort assurer le suivi des grossesses au domicile des parturientes. Elles auront pour mission de suivre les patientes précaires et/ou éloignées géographiquement.
Ce suivi a toujours été maintenu à l’hôpital. Les autres activités continuent de fonctionner normalement. Cela va de la chirurgie gynécologique (hystérectomie, ligature des trompes…), des échographies aux suivis de grossesse en passant par la préparation à la naissance, les consultations gynécologiques et la rééducation périnéale. Il en va tout autant pour les autres consultations et activités gynécologiques que sont les frottis et dépistages, la contraception, l'orthogénie, les bilans fertilité, l'aide au sevrage tabagique, le conseil conjugal, l'accès au psychologue et les interruptions volontaires de grossesse.
Des médicobus en renfort
En complément de ce dispositif, un médicobus, une sorte de camping-car équipé pour les soins, offrira aux patientes des consultations gynécologiques, et à terme un suivi par des médecins généralistes engagés dans l’aventure.
Pour autant, les pouvoirs publics ne semblent pas baisser les bras pour explorer encore d’autres solutions. L’ARS lance une mission qui sera présidée par la Dr Linda Lassel, gynécologue au CHU de Rennes et présidente du réseau régional de périnatalité, pour analyser le contexte de la suspension et « la qualité des mesures mises en œuvre pour le parcours des femmes sur le territoire durant la durée de l’arrêt des accouchements ». L’enjeu est de proposer une organisation de prise en charge la meilleure possible en fonction « des moyens techniques et humains disponibles » pour permettre un suivi de proximité, de sécurité et de qualité des soins. Rien n’est formalisé pour l’instant, indique l’ARS au Quotidien. Car, au final, le casse-tête de l’ARS reste de savoir comment faire avec moins de médecins.
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