Le sujet reste tabou, alors qu’il concerne 14 millions de femmes en France. À l'occasion de la journée mondiale de la ménopause le 18 octobre, le gouvernement a annoncé le lancement d’une mission parlementaire sur ce phénomène physiologique. Confiée par le Premier ministre à la députée macroniste Stéphanie Rist, rhumatologue de formation et membre de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, cette mission devrait déboucher sur des propositions attendues pour le printemps 2025.
En mai dernier, le président de la République s'était dit favorable à ce type d’initiative, afin de dresser « l'état des lieux de la prise en charge (...) et des difficultés rencontrées par les femmes en termes d'information et de suivi. »
Dans un communiqué, le ministère de la Santé précise que la mission vise à « mettre en lumière les symptômes et les conséquences », « renforcer la prévention » et « éclairer le gouvernement sur la prise en charge sanitaire actuelle ». La ministre Geneviève Darrieussecq ajoute qu’il s’agit « d’identifier des solutions concrètes pour mieux informer, mieux suivre et mieux prendre en charge les femmes concernées par la ménopause ».
Vers une actualisation des recommandations ?
La mission impliquera « l’ensemble des parties prenantes », indique le ministère, et notamment le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), les sociétés savantes et le Groupe d'étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi). En parallèle, la Haute Autorité de santé (HAS) a été saisie pour une actualisation des recommandations sur les indications des traitements hormonaux substitutifs « à la lumière des évolutions scientifiques et thérapeutiques ».
La Société française d’endocrinologie (SFE) plaide, dans un communiqué, pour une reconnaissance du « rôle clé » des endocrinologues, aux côtés des gynécologues, dans l’accompagnement des patientes. La société savante souligne l’importance de sensibiliser le grand public et de promouvoir une meilleure prise en charge médicale de cette phase de la vie des femmes qui est associée à une « augmentation des risques cardiovasculaires et métaboliques ».
Pour l’heure, la prise en charge repose sur les traitements hormonaux par voie orale ou transcutanée : œstrogènes et, chez les femmes ayant encore un utérus, un progestatif. Le traitement substitutif « est particulièrement efficace pour atténuer les symptômes vasomoteurs comme les bouffées de chaleur, maintenir une vie sexuelle de qualité, ainsi que pour protéger la qualité osseuse. De plus, il présente des bénéfices métaboliques, réduisant les dépôts de graisse abdominale et améliorant la sensibilité à l'insuline », souligne le Pr Jacques Young, endocrinologue à l’hôpital Bicêtre (AP-HP), membre de la SFE.
Des traitements à prescrire avec précaution
Les risques associés, notamment cardiovasculaires et oncologiques, réclament une « évaluation minutieuse ». « Il est désormais recommandé d’initier le traitement hormonal dans les six années suivant le début de la ménopause, pour maximiser ses bénéfices cardiovasculaires », souligne la Pr Véronique Kerlan, endocrinologue au CHU de Brest, également membre de la SFE.
Il existe néanmoins plusieurs cas où la vigilance s’impose : chez les femmes présentant des antécédents cardiovasculaires, une obésité, un tabagisme ou une hypertension artérielle. Le traitement n’est par ailleurs pas recommandé chez celles présentant des antécédents personnels de cancer du sein ou à haut risque familial de cancer du sein, pour lesquelles « des alternatives locales, comme les œstrogènes sous forme d’ovules vaginaux, peuvent être envisagées pour améliorer la qualité de vie sexuelle », complète la Pr Sophie Christin-Maître, endocrinologue à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. L’arrivée de nouveaux traitements, les inhibiteurs de la neurokinine B, offre également une piste thérapeutique pour les femmes ayant des contre-indications aux traitements hormonaux.
Actuellement, 87 % des femmes ménopausées présentent au moins un symptôme en plus de l’arrêt des règles, dont 20 % à 25 % souffriraient de troubles sévères qui affectent leur qualité de vie, rappelle le ministère.
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