Les dernières recommandations de pratique clinique (RPC) du Collège national des gynécologues-obstétriciens français sur la fertilité datent de 2011. « En 10 ans, beaucoup de progrès sont intervenus, dans les techniques d’exploration tubaire, les traitements d’induction de l’ovulation, par exemple. La préservation de la fertilité fait désormais partie du quotidien en médecine de la reproduction [lire aussi p. 14]. L’hygiène de vie a changé. La césarienne se banalise, ce qui amène de nouvelles questions sur la fertilité future… Autant d’évolutions qui nécessitent d’apporter des réponses claires et concrètes aux praticiens de première ligne, explique le Dr Antoine Torre (CHU de Rouen), responsable de la méthodologie pour la mise à jour des RPC infertilité. Les nouvelles RPC ont pour objectif d’améliorer la prise en charge des femmes, mais aussi bien sûr d’aider nos collègues dans leur pratique. » Pour cela, une nouvelle méthodologie a été choisie et s’est mise en place sous la houlette de la Pr Blandine Courbiere (Hôpital de la Conception, Marseille) qui coordonne le projet, présidé par le Pr Jean Marie Antoine (Hôpital Tenon, Paris).
L’amélioration de la qualité méthodologique doit aboutir à une meilleure assimilation des messages clés des RPC et à réduire les écarts existants entre les recommandations et les pratiques cliniques constatées sur le terrain. Pour être pertinente, une recommandation doit non seulement être en accord avec les données scientifiques, mais également satisfaire à l’exigence d’utilité en pratique courante, afin d’améliorer la qualité des soins apportés aux femmes.
Le conseil scientifique du CNGOF a ainsi considéré que les RPC devaient désormais suivre les critères du consortium Agree II et la cotation de la preuve selon la méthode Grade, afin de s’harmoniser avec les recommandations d’autres sociétés savantes. L’adhésion à ces critères de qualité permettra une meilleure reconnaissance internationale du travail du CNGOF, et de l’excellence de la gynécologie française.
Des questions au format Pico
« La formulation des questions posées est également très importante. C’est pourquoi le conseil scientifique du CNGOF a décidé que les questions seraient formulées au format Pico (P : population, I : intervention, C : comparison, O : outcomes), comme recommandé par l’OMS. C’est un changement méthodologique majeur. La formulation de ces questions constitue la première étape pour l’élaboration d’une RPC. À ce jour, une trentaine de questions Pico ont été retenues. Ces questions couvrent de nombreux domaines (le diagnostic, le conseil, la thérapeutique, etc.), aussi bien chez la femme que de l’homme. Elles ont été élaborées de façon à correspondre aux questions que se posent quotidiennement les praticiens de première ligne faisant face à un couple infertile et pour les guider dans la marche à suivre », souligne le Dr Torre.
Quelques exemples de questions pratiques : La réalisation d’un test post-coïtal a-t-elle un intérêt sur la prise en charge de l’infertilité du couple ? Chez la femme infertile, est-ce que la réalisation d’une sérologie Chlamydiae trachomatis a une valeur prédictive sur la perméabilité tubaire ? Est-ce que les compléments alimentaires à visée antioxydante ont un intérêt pour augmenter les chances de naissance dans le couple ? Chez la femme et l’homme infertile, est-ce qu’une intervention nutritionnelle qualitative améliore les chances de naissance vivante ? Quelles sont les différences entre les traitements inducteurs de l’ovulation sur les taux de naissance vivante ?
Un très vaste travail, dans lequel s’investissent actuellement de nombreux experts Français ayant à la fois l’expérience du terrain et la formation à la recherche bibliographique exhaustive.
Ces nouvelles RCP seront présentées aux Journées Paris Santé Femmes au mois de janvier 2022.
Exergue : L’adhésion aux critères de qualité internationaux permettra une meilleure reconnaissance du travail du CNGOF
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