OÙ EN EST-ON des traitements ? « Nous sommes dans une ère thérapeutique nouvelle, avec des médicaments émergents qui sont plus efficaces mais dont les risques ne sont pas négligeables », souligne le Pr Lubetzki. Le natalizumab, anticorps monoclonal qui bloque l’entrée des lymphocytes dans le SNC, est commercialisé depuis plus d’un an dans les formes très actives de sclérose en plaques. Son efficacité sur la réduction de la fréquence des poussées est franche, mais la survenue de rares cas de complications opportunistes graves (LEMP ou leucoencéphalopathie multifocale progressive) justifie une surveillance rapprochée et une bonne évaluation du rapport bénéfice/risque.
Plusieurs études de phase III sont en cours avec des immunosuppresseurs, aux mécanismes d’action variés. Ainsi, le fingolimod va « trapper » les lymphocytes dans les organes lymphoïdes et les empêcher de sortir dans le sang périphérique. Les résultats de phase II sont très intéressants, avec une réduction nette de la fréquence des poussées dans les formes rémittentes de la maladie. Une étude débute en outre dans les formes progressives. Le fingolimod est administré par voie orale.
L’alemtuzumab, anti-CD52, va entraîner une déplétion profonde et prolongée des lymphocytes T et B. Des études de phase III sont réalisées dans les formes rémittentes de la SEP à l’échelle internationale, incluant la France. L’alemtuzumab est administré à raison de 3 à 5 perfusions par an. Ces deux médicaments ont un risque d’effets secondaires, avec de rares cas d’encéphalites virales sous fingolimod et de purpura thrombocytopénique sous alemtuzumab, justifiant la vigilance. D’autres études sont en cours, avec des molécules qui ciblent majoritairement la cascade inflammatoire.
Outre ces traitements, qui représentent de vrais espoirs, on reparle sur le plan étiopathogénique de la responsabilité du virus EBV, même si les données sur l’existence du virus dans les méninges de patients atteints de SEP reste controversée.
Les cellules microgliales.
Du nouveau aussi dans les formes progressives de la maladie : il est classique de considérer que l’inflammation n’est pas au premier plan dans ces formes de maladie. Mais des données neuropathogéniques récentes suggèrent qu’il existerait une inflammation, assez différente de celle observée dans les formes rémittentes, comportant en particulier l’implication d’un type de cellules inflammatoires, les cellules microgliales. Des études sont en cours sur des modèles expérimentaux pour mieux connaître cette physiopathologie qui pourrait faire envisager différemment les perspectives thérapeutiques.
L’imagerie connaît des développements importants. Les nouvelles techniques d’IRM, comme le transfert de diffusion ou de magnétisation, permettent de voir la structuration du tissu cérébral et sa déstructuration dans le cadre de la SEP. On se rend ainsi compte que la substance blanche, en apparence normale, peut être le siège d’une atteinte axonale diffuse, qui participe à la progression du handicap.
Sur le plan neurobiologique, des données expérimentales ont montré que la remyélinisation peut être obtenue par voir exogène (greffes) ou endogène, et des données récentes démontrent que la réparation myélinique protège l’axone de la neurodégénérescence.
Le réseau génétique français très actif.
Quant aux aspects génétiques, des études de très grande ampleur sont en cours, dont l’objectif est d’identifier les gènes impliqués dans la susceptibilité à la maladie. Le réseau génétique français de la SEP, soutenu par l’ARSEP, est très actif et impliqué dans plusieurs projets internationaux.
L’association ARSEP va devenir en 2009 la Fondation d’aide à la recherche sur la SEP, avec l’objectif de développer le mécénat, pour multiplier les fonds destinés à la recherche et faire naître de grands projets collaboratifs européens.
Site : www.arsep.org
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