Prédire un rejet de greffe grâce à une seule prise de sang : telle est la promesse soulevée par les travaux des équipes du département de transplantation rénale de l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), de l’Inserm et de l’université Paris Cité, dans le cadre du Paris Translational Research Center for Organ Transplantation (Parcc).
Leurs travaux, publiés le 2 juin dans Nature Medecine, montrent l’intérêt de détecter l’ADN circulant du donneur dans le sang des patients greffés d’un rein, via une biopsie liquide. Ceci permettrait de déterminer la probabilité d’avoir un rejet de l’organe greffé, ce qui arrive dans 20 % des cas, l’année suivant une allogreffe.
Les équipes coordonnées par le Dr Olivier Aubert et le Pr Alexandre Loupy, se sont penchées sur les données de près de 3 000 patients greffés rénaux provenant de 14 centres de transplantation en Europe et aux États-Unis. La moyenne d’âge était de 55 ans, 61 % d’entre eux étaient des hommes.
Des niveaux d’ADN circulant associé aux différents types de rejet
Résultat : les niveaux de cfDNA (pour cell-free DNA ou ADN circulant sans cellule) qui indiquent l’intensité d’une inflammation, se sont révélés fortement liés aux différents types de rejet de greffe, incluant le rejet médié par les anticorps et le rejet cellulaire médié par les lymphocytes T. En analyse multivariée, l'ADN du donneur retrouvé dans la biopsie était significativement associé au rejet d'allogreffe (OR : 2,275) indépendamment des paramètres de surveillance standard des patients.
La biopsie liquide permet ainsi de prédire un rejet, de manière non invasive. « L'ajout du cfDNA aux modèles de surveillance existants améliore non seulement la détection des rejets cliniques, mais aussi des rejets infracliniques (non détectables avec les outils disponibles actuellement), ce qui permet des interventions thérapeutiques plus précoces et plus efficaces », lit-on dans un communiqué de presse. Cette méthode « peut également diminuer les coûts de santé tout en simplifiant considérablement le parcours de soins des patients transplantés », est-il conclu. Cette approche est encours d’expérimentation auprès des greffés cardiaques, pulmonaires et hépatiques.
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