Alors qu'une vingtaine d'enfants à travers le monde sont nés grâce à la greffe utérine depuis 2014, une première naissance française vient d'être annoncée par l’équipe du Pr Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction de l’hôpital Foch. La petite fille de 1 kg 845 grammes est née vendredi 12 février au terme d'une grossesse de 33 semaines. L'hôpital ne rapporte aucune complication notable.
La mère, âgée de 36 ans et née sans utérus en raison d'un syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH ; une femme sur 4 500), avait reçu l'utérus de sa mère le 31 mars 2019, il s'agissait là aussi d'une première en France.
Le transfert d'embryon - obtenu par fécondation in vitro - est généralement réalisé un an après la greffe afin de s'assurer que le greffon n'est pas rejeté. Néanmoins, l'arrêt des activités d'assistance médicale à la procréation lors du premier confinement a retardé l'intervention. « Le premier transfert a eu lieu en juillet dernier et la patiente a été enceinte après ce premier transfert », précise le Pr Ayoubi à l'AFP.
Après la greffe, un traitement immunosuppresseur compatible avec la grossesse est instauré. Il s'agit donc d'une greffe temporaire : le greffon est retiré après une ou plusieurs grossesses. Il est en effet possible de mener une deuxième grossesse, comme le souhaite la patiente de Foch, mais « nous attendrons un an », souligne le gynécologue.
Une greffe encore expérimentale
Cette naissance est l'aboutissement de plus de 12 ans de recherche, rapporte l'hôpital Foch. L'équipe du Pr Ayoubi travaille notamment en étroite collaboration avec l'équipe suédoise du Pr Mats Brännström (Göteborg), pionnière dans le domaine.
« Ce projet de recherche, qui a mobilisé plus d’une vingtaine de chercheurs, a permis par ailleurs plusieurs avancées scientifiques significatives dans les domaines de la transplantation et de la reproduction », lit-on dans un communiqué de l'hôpital.
À l'heure actuelle, la greffe utérine reste expérimentale. L'équipe de Foch a obtenu en 2017 l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de mener un protocole de recherche sur dix greffes à partir de donneuses vivantes. Si les greffes issues de donneuses vivantes sont plus répandues, le recours à une donneuse décédée est possible. Une équipe brésilienne avait rapporté en 2017 une première naissance permise par ce type de don.
Au-delà du syndrome MRKH, il existe d'autres indications de la greffe utérine, comme une ablation de l'utérus à la suite d'un cancer ou d'une hémorragie incontrôlable après un accouchement.
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