La possibilité d’une guérison se rapproche dans la leucémie lymphoïde réfractaire (LLC). Après des résultats préliminaires sur un petit nombre de patients dans plusieurs hémopathies, la thérapie cellulaire utilisant des cellules T modifiées via la technique CAR (chimeric antigen receptor), confirme son potentiel dans la LLC réfractaire avec les cellules spécifiques CTL019 dans une étude chez 14 patients publiée dans « Science Translational Medicine ».
Des lymphocytes T « tueurs en série»
Le pronostic de la LLC est hétérogène. La LLC reste longtemps indolente avec un pronostic vital peu modifié chez des sujets atteints âgés en moyenne de 70 ans. Beaucoup ne seront pas traités et auront une simple surveillance. Mais les patients ayant une LLC réfractaire ont un mauvais pronostic. Dans l’étude, le taux de réponse complète était de 57 % (n = 8) avec une rémission complète (RC) chez 4 patients (29 %). Le premier patient a passé le cap des 5 ans. Deux autres sont en RC 4 ans et demi après le traitement. Le 4e est décédé d’une infection liée à une opération chirurgicale sans lien avec la leucémie alors qu’il était en RC depuis 21 mois. Quatre autres patients (29 %) ont bien répondu avec une rechute à 7 mois, tandis que les 6 autres n’ont pas répondu du tout.
La technique CAR consiste à modifier des cellules T prélevées chez le patient pour les reprogrammer à éliminer spécifiquement les cellules cancéreuses. À l’époque des premiers résultats en 2011, Carl June l’un des auteurs, professeur à l’université de Pennsylvanie, avait qualifié ces lymphocytes T de « tueurs en série ». Ces cellules génétiquement modifiées expriment un récepteur chimérique pour cibler spécifiquement le CD19 des cellules B cancéreuses. Quatre jours après la fin de la chimiothérapie visant à dépléter les lymphocytes T natifs, les cellules T désormais génétiquement modifiées ex vivo sont réinjectées chez le patient.
Le syndrome de relargage de cytokine
Cette technique n’est pas sans toxicité, le syndrome de relargage de cytokine étant le problème principal et connu. Il se déclenche quelques semaines après la réinjection, habituellement quand les nouvelles cellules T arrivent à leur pic. Les symptômes sont variables allant des symptômes pseudo-grippaux, des nausées, des myalgies ou des délires et hallucinations, mais peuvent aller jusqu’au choc avec troubles respiratoires. L’anticorps monoclonal tocilizumab a été administré à 4 patients et deux ont reçu des corticoïdes. Tous ont récupéré.
Les cellules T modifiées persistent des années chez les sujets en RC. « Cela suggère qu’au moins certaines cellules CTL019 gardent leur capacité à éliminer les cellules cancéreuses pendant de longues périodes », explique Carl June. Cet argument a été confirmé par une analyse spécifique de cellules T modifiées provenant de l’un des premiers patients traités. Près de 3 ans après le traitement, les cellules CTL019 ont fait preuve d’une réactivité immédiate et spécifique contre des cellules exprimant CD19. Il reste à déterminer maintenant pourquoi les cellules CTL019 ne se sont pas propagées de la même façon chez l’ensemble des patients. Le travail de Carl June a été salué par ses pairs oncologues américains, notamment Jacqueline Barrientos, du North Shore-LIJ Cancer Institute, qui a qualifié cette nouvelle voie du traitement du cancer de « révolutionnaire ».
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