Sars-CoV-2, CMV : la mesure de l'immunité cellulaire T utile chez les immunodéprimés, des tests plus standardisés

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Publié le 20/05/2022

Crédit photo : PHANIE

Comment évaluer au plus juste l'immunité chez les patients immunodéprimés ? La question se pose avec force depuis la pandémie de Covid et les défis posés par la vaccination. En complément du dosage des anticorps, la mesure de l'immunité cellulaire T est prometteuse, comme s'en est fait l'écho un symposium organisé à l'Institut Pasteur par la compagnie Oxford Immunotec (groupe PerkinElmer) spécialisée dans le développement de tests diagnostiques.

Ce symposium, appelé Sicai (pour symposium immunité cellulaire anti-infectieuse) et dont c'était cette année la première édition, s'est construit autour des applications dans le Sars-CoV-2 et le cytomégalovirus (CMV), dans l'objectif d'aller vers une plus grande standardisation, voire une automatisation de ces tests.

« Mesurer quantitativement la réponse des cellules T en laboratoire passe soit par la cytométrie en flux, qui nécessite une expertise technique et un équipement coûteux, soit par la technologie Elispot (Enzyme-Linked Immunospot), beaucoup plus simple et qui nécessite moins de cellules et permet de faire un plus grand nombre de tests en peu de temps », explique la Pr Sophie Candon du laboratoire d'immunologie et de biothérapies du CHU de Rouen et membre du comité scientifique Sicai. La technologie Elispot est par ailleurs utilisée pour le diagnostic de l'infection tuberculeuse latente dans l'un des deux tests Igra (pour Interferon Gamma Release Assay), qui mesurent in vitro la libération d'interféron gamma par les cellules T après stimulation par ces antigènes. C'est le test T-SPOT.TB (Oxford Immunotec), l'autre test Igra reposant sur l'Elisa (Quantiferon-TB, Qiagen).

Une aide pour la stratégie contre le CMV

La réponse lymphocytaire T contre le CMV influence la prise en charge des patients transplantés. Le CMV, qui est endémique dans environ 60 % de la population générale, persiste tout au long de la vie chez les sujets infectés. Si l'infection est asymptomatique chez les sujets sains, elle peut être plus problématique en cas d'immunodépression, notamment chez les patients transplantés.

Afin de limiter la prescription en préventif d'antiviraux, le risque de réactivation virale est évalué via des tests cellulaires mesurant le nombre de lymphocytes T mémoire spécifiques. Seuls les patients en ayant besoin sont traités, sachant, de plus, que les antiviraux sont associés à un risque augmenté de myélosuppression et donc d'infections.

En cas de réactivation du CMV et si les antiviraux sont insuffisants, une option est de diminuer les immunosuppresseurs. Connaître le nombre de lymphocytes T capables de réagir contre le CMV permet de déterminer si cette stratégie est adaptée.

En cas d'anticorps anti-Sars-CoV-2 indétectables

Contre le Covid, la quantification des cellules T fonctionnelles spécifiques du Sars-CoV-2 peut être une investigation complémentaire. « La plupart des études immunologiques actuelles sur le Sars-CoV-2 sont basées sur des tests sérologiques, c'est-à-dire qu'elles évaluent la réponse humorale dans le temps par la mesure d'anticorps », explique la Pr Guislaine Carcelain du service d'immunologie biologique à l'hôpital Robert-Debré (Paris) et membre du comité scientifique Sicai.

La mesure de la réponse T permet ainsi de quantifier les cellules T fonctionnelles spécifiques après une infection par le Sars-CoV-2, mais aussi d'identifier l'existence d'une réponse immune contre le virus chez les patients vaccinés avec des niveaux d'anticorps indétectables, car recevant des thérapeutiques bloquant cette réponse. « L'évaluation de la réponse cellulaire T a une place moins classique, mais est très intéressante à suivre, notamment chez certains patients immunodéprimés », poursuit la spécialiste parisienne.

L'Elispot, quantitatif à semi-quantitatif, est un test de culture cellulaire. « Pour faciliter son utilisation, des kits standardisés commencent à être proposés comme pour le Sars-CoV-2 ou encore le CMV, explique la Pr Carcelain. Ce symposium arrive au bon moment pour définir entre cliniciens et biologistes les conditions d'utilisation de ces tests. Il permettra également des discussions avec les experts qui développent les équipements et les kits, pour les applications actuelles et futures. »


Source : lequotidiendumedecin.fr