Des Français ont identifié chez six patients un mécanisme en cause dans la lymphopénie T CD4 idiopathique et ils montrent le potentiel thérapeutique de l’interleukine-2.
Rare mais grave, la lymphopénie T CD4 idiopathique est une pathologie qui a de fortes similitudes avec le sida mais dont la cause reste inconnue (notamment, aucun agent étiologique infectieux n’a jamais été identifié). Elle est caractérisée par une forte diminution du nombre des lymphocytes T CD4 circulants et l’apparition d’infections opportunistes graves voire mortelles (cryptococcose, pneumocystose, mycobactérioses, infections à CMV…).
Ce contexte souligne tout l’intérêt du travail publié dans « Blood » par les équipes de chercheurs et de cliniciens de l’institut Pasteur, de l’AP-HP, de l’INSERM, du CNRS et de l’université Paris-Descartes, sous la coordination du Pr Olivier Lortholary, unité de mycologie moléculaire de l’institut Pasteur, centre d’infectiologie Necker-Pasteur et chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Necker.
Les chercheurs ont étudié 6 cas français et ont pu mettre en évidence, pour la première fois, un mécanisme associé à l’immunodéficience des lymphocytes T, mécanisme commun à tous ces patients. Les chercheurs ont en effet découvert chez les 6 malades une anomalie d’expression moléculaire du récepteur CXCR4 (qui est, du reste, un corécepteur du VIH) : au lieu de s’exprimer à la surface des lymphocytes T CD4, CXCR4 s’accumule à l’intérieur de ces cellules. Dysfonctionnement qui perturbe l’homéostasie des CD4 et qui favoriserait l’apparition des infections opportunistes.
Poussant plus loin leurs investigations, les chercheurs ont également montré, à la fois in vitro et chez les patients, que l’administration d’interleukine-2 restaure l’expression de CXCR4 à la surface des CD4 et augmente ainsi le nombre de ces lymphocytes T.
« Ces résultats ouvrent pour la première fois la voie de la compréhension et à un traitement de la lymphocytopénie T CD4 idiopathique par immunothérapie. Un programme de recherche clinique sera commencé en collaboration entre l’AP-HP et l’institut Pasteur afin de poursuivre les investigations sur une cohorte nationale de patients », conclut le communiqué.
Daniel Scott-Algara, Karl Balabanian, Lisa Chakrabarti, Luc Mouthon, Françoise Dromer, Céline Didier, Fermando Arenzana-Seisdedos et Olivier Lortholary. Blood, publication en ligne.
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