À Mayotte, 65 cas de choléra ont été recensés. L’épidémie qui a démarré le 18 mars sur l’île a provoqué un décès, le 8 mai, d’une fillette de 3 ans. Selon le ministre de la santé, Frédéric Valletoux, qui s’est rendu sur place, l'épidémie « est sous contrôle » et « circonscrite », grâce à « une intervention des services de santé sur la vaccination, la prise en charge, l'accompagnement des personnes touchées ».
Il n'y a « pour l'instant qu'un seul foyer », dans le quartier Kirson de Koungou, a précisé le ministre sur RTL. L’épidémie a commencé par des cas importés des Comores voisines où le dernier bilan officiel fait état de 98 morts. À Mayotte, les premiers cas autochtones sont apparus fin avril.
Une stratégie de vaccination « par pallier » autour des cas
Un protocole élaboré en février pour éviter la propagation de la maladie prévoit la désinfection du foyer du malade, l'identification et le traitement des cas contacts et une vaccination des proches et des contacts des cas. « La stratégie vaccinale pour le choléra autour des cas n’est pas de vacciner tous azimuts et à l'aveugle », mais « par palier », avec une vaccination de l'entourage et des contacts dans les dernières 48 heures, a expliqué le ministre.
Deux vaccins sont disponibles, rappelle le Haut conseil de la santé publique dans un avis publié le 6 mai : Dukoral (vaccin inactivé nécessitant idéalement 2 doses) et Vaxchora (vaccin vivant atténué ne nécessitant qu’une dose). Pour l’heure, plus de 3 700 personnes ont été vaccinées dans le seul foyer épidémique du département, a-t-il poursuivi. « Des stocks, on en a. Il y a aujourd'hui à peu près 7 000 vaccins sur l'île. Et 6 000 vaccins arrivent la semaine prochaine. On a encore des doses possibles et dans des volumes plus importants pour le début de l'été ». Les distributions d’eau se poursuivent et « des rampes d'eau ont été installées dans certains quartiers », a précisé Frédéric Valletoux. « Nous distribuons également des antibiotiques aux proches », explique Olivia Noël, coordinatrice terrain qui fait partie des réservistes venus en renfort.
Un système de santé sous tension
Au total, 86 réservistes, infirmiers et médecins, sont venus de métropole pour appuyer les soignants sur place. L’île ne compte qu'un hôpital et cinq urgentistes, pour quelque 310 000 habitants selon des chiffres officiels probablement sous-estimés. « Les équipes ici souffrent parce qu'elles sont soumises en permanence et depuis longtemps à des rythmes extrêmement tendus », a reconnu Frédéric Valletoux. En septembre déjà, une épidémie de gastro-entérite, en pleine crise de l’eau, avait mis en difficulté l’hôpital.
Les urgentistes, qui ont « 40 patients à traiter » à leur prise de service, devront « tenir dans la durée », alerte la Dr Alimata Gravaillac, cheffe de service des urgences du CHU de Mayotte à Mamoudzou. Elle souligne que des kwassas, ces bateaux qu'utilisent habituellement les migrants venus des Comores pour rallier Mayotte, « arrivent directement à l'hôpital avec des personnes malades ». Ces convois, qu'elle appelle « kwassas sanitaires », provoquent une « pression supplémentaire pour les soignants ».
Interrogé sur RTL, Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), a souligné que « pour fermer la vanne du robinet, il faudrait, entre guillemets, s'attaquer également à ce qui se passe aux Comores ». L'épidémie actuelle va être « très difficile » à « juguler, et on risque de se retrouver avec une augmentation très rapide des cas, peut-être même plusieurs autres décès qui vont arriver », prévient-il.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?