PARIS (75)
Pr FRANCIS KLOTZ
La XVIIème édition des « Actualités du Pharo », réunion marseillaise annuelle de Médecine Tropicale internationalement fréquentée, vient d’avoir lieu. C’était la dernière !
L’Institut de médecine tropicale du service de santé des Armées (IMTSSA) va fermer ses portes dans le cadre du regroupement et de la rationalisation des moyens. Les laboratoires de recherche, dont certains mondialement reconnus, vont rejoindre l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA) situé à Brétigny. Le pôle enseignement va se diluer et disparaître du site mythique du Pharo dominant le vieux port de Marseille.
Des milliers de médecins français et étrangers ont été formés dans cet institut original et sans nul autre pareil qui aura vécu plus de cent ans, initiant tous ces jeunes médecins civils et militaires aux particularités de la pathologie exotique. L’enseignement était rendu passionnant par le retour d’expérience des médecins arrivant de zone tropicale.
La disparition de l’institut laissera un grand vide tant pour le service de santé des Armées que pour la médecine tropicale française. Si la rationalisation de ce début du XXIe siècle nécessitait le transfert et le regroupement des laboratoires de recherche, le pôle enseignement et le centre de documentation auraient pu rester à Marseille, dans ce lieu unique, et continuer à faire briller l’expertise en pathologie exotique des praticiens militaires français, unanimement reconnue.
Cette expertise reste précieuse pour nos armées orientées vers les missions extérieures. J’ai eu le privilège, en tant que dernier professeur titulaire de la chaire de médecine tropicale du service de santé des Armées, de prononcer la leçon inaugurale annuelle à l’École du Val-de-Grâce, il y a moins de dix ans sur le thème : « La médecine tropicale, une composante nécessaire à la force de projection ». Ce thème reste pleinement d’actualité pour les forces armées françaises en opérations extérieures sur les différents théâtres du continent africain.
(...) Plus d’institut, plus de lieu de formation dédié des experts hospitaliers militaires en zone tropicale. Un manque qui va se révéler cruel dans peu de temps. Le nombre important d’étudiants et de médecins participant à des missions humanitaires, le nombre grandissant de patients issus de l’immigration dans les hôpitaux justifient pleinement la pérennisation d’un enseignement dynamique et spécifique fait par des praticiens ayant une expérience de l’exercice de la médecine en zone tropicale. En effet la pathologie exotique ne peut se résumer à des connaissances livresques et à des fiches techniques et thérapeutiques. Elle doit être vécue.
(...) L’expertise en médecine tropicale faisait la fierté et une bonne part de la notoriété et de l’originalité du service de santé des Armées français. De nombreux médecins se donnèrent corps et âme pour cette cause, la plupart dans l’ombre, quelques-uns à l’origine de découvertes parfois majeures comme Laveran, Jamot, Muraz, Richet, Lapeyssonnie et bien d’autres…
Le génie de l’homme est sa faculté d’adaptation, sa capacité d’adapter les structures au cours du temps. Les décideurs n’ont pas su ou pas voulu de cette continuation adaptée au service d’une cause précieuse. La logique comptable et les décisions technocratiques sont venues à bout de ce bel outil. Dans cette ère de mondialisation, les jeunes praticiens qui nous succèdent pardonneront difficilement cette erreur historique !
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