L’œil rouge est une cause fréquente de consultation en cabinet de médecine générale ou aux urgences. Les causes sont multiples, pouvant aller d’anomalies bénignes, comme une conjonctivite banale, à des pathologies pouvant engager rapidement le pronostic visuel comme dans la crise aiguë de fermeture de l’angle iridocornéen. Il est souvent possible, par une analyse méthodique et simple des signes fonctionnels ainsi que des antécédents et des données de l’inspection, d’orienter rapidement le diagnostic.
Même sans disposer d’un matériel spécialisé, la plupart des véritables urgences ophtalmologiques peuvent être distinguées des situations plus banales, c’est-à-dire ne nécessitant pas le recours systématique et rapide à un ophtalmologiste. À l’inverse, la reconnaissance des signes de gravité est un élément capital pour le pronostic visuel du patient, car elle permet à la fois de ne pas donner un traitement inapproprié et de gagner un temps précieux pour lever des anomalies qui peuvent devenir rapidement irréversibles ;
80 % des patients peuvent être pris en charge, sans examen ophtalmologique avec lampe à fente.
Trois questions essentielles
Trois questions essentielles permettent cette prise en charge : existe-t-il une douleur ? Une baisse de l’acuité visuelle ? Une notion de traumatisme ? La présence d’une douleur importante et d’une baisse de l’acuité visuelle signe en effet la gravité et nécessite le recours à un spécialiste. Deux autres de signes de gravité existent également pour les plus avertis : un œil dur comme une bille de bois et un cercle périkératique (rougeur intense circulaire autour de la cornée qui donne un aspect de cercle rouge, plus dense autour de l’iris).
La bénignité est fréquente
La conjonctivite est très fréquente surtout chez l’enfant. Elle peut être d’origine infectieuse ou virale. La conjonctivite associe rougeur de l’œil et des paupières, impression de grain de sable, prurit, larmoiement et écoulement de l’œil plus ou moins purulent, parfois paupières collées, parfois œdème des paupières, photophobie. Il n’y a pas de baisse de l’acuité visuelle. Le traitement de la conjonctivite infectieuse consiste en un nettoyage de l’œil (sérum physiologique) puis application d’un collyre antibiotique. Les conjonctivites allergiques sont soignées par un collyre antiallergique.
L’hémorragie sous-conjonctivale correspond à une hémorragie banale sous forme d’une rougeur localisée dans un secteur de la conjonctive. Elle se manifeste par un œil rouge isolé, non douloureux et sans baisse de l’acuité visuelle. Le plus souvent, on ne retrouve pas de cause et la guérison est spontanée.
Le traumatisme oculaire est le plus souvent retrouvé à l’interrogatoire et évident : plaie, corps étranger, balle de golf, de tennis, de squash…). Un avis spécialisé s’impose.
Le glaucome aigu par fermeture de l’angle correspond à une augmentation de la tension intra-oculaire. Le glaucome aigu se manifeste par l’apparition brutale d’une douleur intense de l’œil avec rougeur, larmoiement, photophobie et baisse de l’acuité visuelle, parfois nausées et vomissements. L’œil est dur comme une bille de bois. Il s’agit d’une urgence nécessitant une consultation spécialisée. En attendant cette consultation le médecin peut prescrire de l’acétazolamide per os.
La kératite correspond à une inflammation de la cornée, le plus souvent sous forme d’ulcération. L’œil est rouge, très douloureux, l’acuité visuelle est modérément diminuée. Les causes sont variées : infectieuses (herpès, bactériennes, virales), traumatiques (corps étrangers, port de lentilles…). Le traitement doit être rapide et dépend de la cause. Les stéroïdes sont proscrits à cause du risque d’herpès.
L’uvéite se manifeste par un œil rouge avec cercle périkératique associé à une baisse de l’acuité visuelle assez marquée, de fortes douleurs du globe oculaire et des céphalées. L’uvéite est une inflammation de l’uvée dont les causes peuvent être infectieuses ou consécutives à une maladie inflammatoire ; le plus souvent, il n’y a pas de cause retrouvée. Le traitement doit être rapide.
Enfin, les épisclérites et les sclérites, nécessitent de rechercher un zona, une varicelle récente, une maladie générale.
D’après la communication du Pr Marc Labetoulle (hôpital de Bicêtre), dans le cadre du 6e Printemps de Bicêtre, organisé par l’Université Paris-Sud 11 et la Faculté de Médecine Paris-Sud.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?