La septième conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme a commencé ce dimanche 18 septembre, à New York, sous le patronage du président Joe Biden. Ce n'est qu'à l’issue de cette réunion des pays contributeurs, bénéficiaires et de membres de la société civile, que sera connu le budget de financement du Fonds pour les trois années à venir. La cible fixée est de 18 milliards de dollars (18 milliards d'euros), contre 14 milliards en 2019.
Pour Éric Fleutelot, directeur du pôle grandes pandémies à Expertise France et présent sur place, la conférence revêt un caractère particulier cette année. « Elle intervient, après la crise sanitaire Covid et au milieu d'une crise économique qui a réduit l'efficacité de la lutte contre la tuberculose et le paludisme, explique-t-il. Même sur l'épidémie de VIH, les effets commencent à se voir ». Dans son rapport de juillet, l'Onusida alertait déjà sur la mise à mal des ressources.
2020, une année charnière
L'année 2020 a vu, pour la première fois en dix ans, un recul des progrès réalisés contre le VIH, le paludisme et la tuberculose. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes décédées de la tuberculose est revenu à son niveau de 2017, soit 1,3 million de morts. Pour le paludisme, 12 % de décès supplémentaires ont été dénombrés en 2020, par rapport à 2019, soit 627 000 décès. Le Fonds mondial a prévenu que le nombre de personnes effectuant un test de dépistage du VIH a chuté de 22 %, tandis que les services de prévention ont diminué de 11 %.
En 2022, Médecins sans frontière (MSF) a constaté que les programmes de lutte marquaient particulièrement le pas dans certains pays comme l'Ouganda où les initiations au traitement antirétroviral ont diminué de moitié.
MSF estime par ailleurs que les 18 milliards attendus seront loin d'être suffisants : « 130 milliards de dollars sont nécessaires pour lutter efficacement contre le VIH, la tuberculose et le paludisme pour la période 2024-2026, prévient l'ONG. Les 18 milliards du Fonds mondial représentent 14 % de ce budget, et d'autres financements externes devraient en couvrir 19 % supplémentaires. »
Blocage de la prise de relais par les pays du Sud
« Ces 18 milliards sont un objectif, mais le montant nécessaire est effectivement bien plus important », confirme Éric Fleutelot qui rappelle que le Fonds mondial ne représente pas la totalité des sommes investies. « Le fonds mondial représente 30 % des investissements contre le VIH, 75 % de ceux de la lutte contre la tuberculose et 63 % de ceux de la lutte contre le paludisme », détaille-t-il.
L'un des buts recherché par le Fonds mondial est la prise de relais par des sources de financement locales dans les pays les plus concernés. Or, cet espoir a pris du plomb dans l'aile ces deux dernières années. « Les pays sont en train de subir la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. Certains ont connu une baisse de leurs revenus bruts de l'ordre de 30 à 50 % et les pays les plus pauvres ou à revenus intermédiaires ont le plus souffert », explique Éric Fleutelot.
Le Fonds mondial a mis en place un système avec obligation de cofinancement : les pays bénéficiaires doivent participer financièrement aux programmes de lutte s'ils veulent bénéficier d'une aide du Fonds. « La crise du Covid a fait prendre conscience de l'importance de renforcer les systèmes de santé, précise Éric Fleutelot. Dans sa nouvelle stratégie, le Fonds mondial s'engage à mieux soutenir les systèmes de santé, en aidant à la mise en place de dispositifs de surveillance, d'une logistique du médicament et d'embauche de soignants. » Vaste programme !
Des financements parallèles nécessaires
Selon l'Onusida, si les 18 milliards d'euros sont collectés, il manquerait néanmoins à l'appel 8 milliards pour financer la réponse au VIH dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Et 29 milliards supplémentaires (via des programmes tels que le Pepfar américain ou certains de l'Agence française de développement) seraient nécessaires d'ici à 2025 pour retrouver le chemin de l'éradication de la pandémie mondiale de VIH d'ici à 2030.
Avant même le début de la conférence, les États-Unis ont déjà promis 6 milliards de dollars (6 milliards d'euros). Certains donateurs, comme le Japon ou l'Allemagne, ont annoncé une augmentation de 30 % de leur contribution pour la période 2024 à 2026. Emmanuel Macron doit, pour sa part, annoncer le montant de la contribution française dans la soirée du mercredi 21 janvier.
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