La coqueluche est une maladie susceptible d’être grave, voire mortelle, avant tout chez le nourrisson de moins de 3 mois. La stratégie de prévention repose sur la vaccination, dont la première dose est recommandée dès l’âge de 2 mois puis à 4 mois, 11 mois, 5-6 ans, 11-13 ans, 25 ans. Compte tenu du temps nécessaire à la fabrication des Ac, la prévention de la coqueluche du nourrisson n’est effective au plus tôt qu’à partir de l’âge de 2 mois et demi. Pour améliorer la prévention avant cet âge, cette stratégie a été complétée par celle dite du « cocooning », qui consiste à vacciner l’entourage proche du nourrisson, y compris la mère en post-partum.
Échec de la stratégie du cocooning
Si les taux de CV sont très bons chez le nourrisson (> 95 %) il n’en est pas de même chez les personnes ciblées par le cocooning, le taux de CV chez les mères ne dépassant pas 50 %, plus faible encore chez les pères. Cette stratégie, difficile à appliquer, n’est par ailleurs pas très efficace : pas plus de 50 % d’efficacité quand le père et la mère sont vaccinés.
Le réseau Renacoq, réseau national répertoriant depuis 1996 les coqueluches du nourrisson hospitalisées, a inclus, entre 1996 et 2012, 2 227 cas de coqueluche âgées de moins de 6 mois, dont 67,7 % avaient moins de 3 mois. Sur ces 2 227 cas, 18 % ont été admis en réanimation, dont 88 % avaient moins de 3 mois. Et, sur les 37 décès répertoriés, 87 % étaient des moins de 3 mois.
Entre 2013 et 2021, sur les 993 cas de coqueluche hospitalisés chez les moins de 12 mois, 604 avaient moins de 3 mois. 66 % de ces enfants ne sont donc pas protégés par cette stratégie vaccinale pendant la période la plus à risque. La vaccination des mères pendant la grossesse, initiée par les Anglais depuis une dizaine d’années, doit améliorer ces résultats.
Maintenir un taux d’Ac élevé
Il a été démontré que l’immunogénicité des vaccins tétravalents faiblement dosés (dTcaP ; il n’y a pas de vaccin coquelucheux monovalent), est comparable que les femmes soient enceintes ou pas. De plus, les Ac induits par la vaccination chez la mère traversent le placenta, et il existe une forte corrélation entre les taux d’Ac du nouveau-né et ceux de la mère. Ces Ac permettent de protéger l’enfant pendant les premiers mois.
Le taux des Ac diminue rapidement dans l’année suivant la vaccination et il faut qu’il soit élevé pour protéger le nourrisson jusqu’à 3 mois. Il faudra donc vacciner à chaque grossesse. Il n’y a pas d’aggravation des EI après injections répétées.
De nombreuses études ont montré l’efficacité de cette vaccination. Elle est de l’ordre de 90 % lorsque la mère a été vaccinée entre 20 semaines d’aménorrhée (SA) et 28 jours avant l’accouchement. On observe une réduction de l’infection des femmes enceintes et de leur nourrisson, des hospitalisations des nourrissons et de leur mortalité par coqueluche. Les pays qui ont mis en place la vaccination contre la coqueluche pendant la grossesse ont montré une réduction du taux d’incidence et de la mortalité chez les enfants de 0 à 3 mois. Dans ces pays, très peu d’EI ont été rapportés et sont en très grande majorité des effets locaux et systémiques attendus (rougeur au site d’injection, céphalées, fatigue).
Bonne tolérance
Le profil de tolérance de ces vaccins est bon chez la mère et son nouveau-né : par rapport à des taux nationaux historiques, il n’y a pas d’augmentation des taux de mort fœtale in utero, de décès maternels ou néonataux, pas d’augmentation du risque de prématurité, de prééclampsie/éclampsie, d’hémorragies, d’anomalie du rythme cardiaque fœtal, de rupture utérine, de placenta praevia, d’accouchement par césarienne, de faible poids de naissance ou de tous les évènements graves susceptibles de survenir naturellement pendant la grossesse.
Un des inconvénients potentiels de la vaccination des mères pendant la grossesse est l’effet « blunting », c’est-à-dire l’effet inhibiteur des Ac d’origine maternelle sur la réponse immunitaire vaccinale du nourrisson. Cet effet a été mis en évidence pour les antigènes diphtérique et coquelucheux dans une métaanalyse, mais il n’existe aucune preuve d’un effet blunting significatif au plan clinique.
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