L'Académie nationale de médecine « déconseille formellement l’utilisation inconsidérée de tisanes ou décoctions à base d’Artemisia, sous quelque forme que ce soit, pour le traitement de la Covid-19, tant que des protocoles thérapeutiques rigoureusement codifiés et scientifiquement étayés n’auront pas fait la preuve de leur efficacité et de leur innocuité dans cette indication », lit-on dans un communiqué.
Le mélange promu par le président malgache, appelé « Covid-Organics », a été intégré courant mai à l'essai Solidarity de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s'agit d'une tisane ou d'une décoction à base d'Artemisia annua et de plantes médicinales malgaches - utilisées dans des proportions confidentielles, souligne l'Académie. Distribué en bouteille de 33 cl ou en sachet d’herbes sèches sous la marque « CVO Tambavy », ce mélange a été mis au point par l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA), qui travaille actuellement au développement d'une forme injectable destiné aux patients présentant une détresse respiratoire liée au Covid-19.
Risque de résistance aux antipaludéens à base d’artémisinine
« L’efficacité préventive et curative du CVO Tambavy, proclamée par les autorités gouvernementales [malgaches] et certains infectiologues de la capitale, ne fait cependant pas l’unanimité dans la communauté médicale malgache », rapporte l'Académie. Pourtant, le traitement est salué par le réseau des « Maisons de l’Artemisia » et plusieurs pays affricains ont déjà passé commande.
Dans ce contexte, l'Académie de médecine rappelle « le manque de données sur les molécules présentes dans les matières sèches d’Artemisia annua produite à Madagascar ». Elle souligne également l'absence d'étude in vitro ayant montré une activité anti-SARS-CoV-2 de l'artémisinine ainsi que l'absence d’études cliniques contrôlées ayant évalué la tolérance et l’efficacité du protocole thérapeutique, évoquant son caractère empirique.
« La difficulté de réaliser une étude clinique pour faire la preuve de l’efficacité d’une phytothérapie dans le traitement de la Covid-19 n’autorise pas à s’affranchir de toute rigueur scientifique », estime l'Académie. D'autant plus qu'une utilisation à grande échelle de tisanes à base d'Artemisia pourrait entraîner l'apparition de résistances aux antipaludiques à base d’artémisinine, s'inquiète-t-elle.
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