Selon des résultats prépubliés par des chercheurs du King's College de Londres sur le site medRxiv, la réponse en anticorps protecteurs contre le SARS-CoV-2 chez les personnes infectées semble décliner rapidement, ce qui inquiète les auteurs quant aux perspectives de fabrication d'un vaccin efficace.
Lors de la séroconversion, les patients infectés par le SARS-CoV-2 produisent des IgM, des IgA et des IgG contre la protéine de surface S (spicule). Plusieurs anticorps neutralisants ont été identifiés et isolés, mais il reste encore beaucoup à découvrir concernant l'intensité de la réponse, le moment de leur production dans l'histoire naturelle de la maladie, leur cinétique et surtout la durée d’immunisation conférée. De telles informations sont également primordiales pour apprécier les données des enquêtes sérologiques qui ont déjà commencé à être menées dans les pays touchés par l'épidémie de Covid-19.
Les chercheurs, qui ont étudié la réponse immunitaire de plus de 90 cas confirmés (dont 65 par tests virologiques), montrent que les niveaux des anticorps neutralisants, capables de détruire le virus, atteignent un pic en moyenne trois semaines environ après l'apparition des symptômes, puis déclinent rapidement. Seuls 16,7 % des sujets avaient encore de forts niveaux d'anticorps neutralisants 65 jours après le début des symptômes. Les auteurs rappellent que la réponse immunitaire spécifique au premier SARS-CoV et au MERS-CoV peut durer jusqu'à 1 à 3 ans après l'infection chez certains individus.
Des analyses ont été faites jusqu'à 94 jours après l'infection. Les patients ont été classés en 5 catégories selon la sévérité de l'infection : 1 (besoin d'une mise sous oxygène pendant au moins 12 heures, fraction inspirée en oxygène inférieure à 0,4), 2 (besoin d'une mise sous oxygène pendant au moins 12 heures, fraction inspirée en oxygène supérieure ou égale à 0,4), 3 (besoin d'une ventilation non invasive à pression positive continue, ou d'une mise en position allongée, ou d'une mise sous oxygène avec fraction inspirée en oxygène supérieure 0,6 pendant au moins 12 heures), 4 (intubation et ventilation mécanique).
Un pic d'anticorps neutralisants vers 23 jours
Dans chaque catégorie de patients, le potentiel neutralisant des anticorps a été évalué in vitro. Si une réponse dirigée contre les différents sites du spicule a été retrouvée chez 89,2 à 93,8 % des patients, les auteurs constatent que les réponses IgM et IgA déclinent au bout de 20 à 30 jours. Ils ont aussi noté que les concentrations en anticorps neutralisants étaient dans un premier temps dépendantes de la sévérité de la maladie (groupe 3 et 4) mais qu'au fil du temps, elles ont tendance à s'harmoniser dans l'ensemble des patients.
L'ID50, c’est-à-dire la durée au bout de laquelle la quantité d'anticorps neutralisants retrouvée ne diminue plus que de moitié les capacités infectieuses du virus lors de tests in vitro, est la même chez les patients ayant eu besoin de soins intensifs et ceux ayant une forme moins sévère. Le pic de production d'anticorps neutralisants est d'environ 23 jours, puis la concentration est divisée d'un facteur 2 à 23 au cours de 18 à 65 jours qui suivent. Les anticorps neutralisants deviennent indétectables au bout de 50 jours en moyenne, ce qui « met en exergue la nature transitoire de la réponse humorale dirigée contre le SARS-CoV-2 », expliquent les auteurs.
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