Lette ouverte au directeur général d'Axa.
Monsieur, dans notre contexte épidémiologique actuel, les médecins généralistes libéraux, dont je suis, sont partout, en première ligne, vis-à-vis de leurs patients et malades. Ils se sont organisés de manière dynamique, au mieux de leurs possibilités locales, à tout le territoire.
On ne peut pas pour autant dire qu’ils ont été et le sont toujours, les mieux lotis quant aux moyens matériels mis à leurs dispositions. Qu’on en juge : il y a quatre semaines une boîte de masques chirurgicaux, donnée avec la mention « non renouvelable », puis plus tard 18 masques chirurgicaux par semaine, autant dire pas grand-chose, et rien d’autre, nous sommes dans le dérisoire.
Mais je me permets de vous écrire pour autre chose. Vous voudrez bien m’en pardonner la facilité, il s’agit de la couverture assurantielle des personnels soignants et des médecins libéraux. Les personnels soignants hospitaliers sont mieux couverts par leurs assurances spécifiques même si ce n’est sans doute pas un rêve. Mais les médecins généralistes libéraux dans les faits ne sont pas couverts par leurs assurances sur le plan épidémique, suivant la formule administrative « clause non prévue ».
Trois jours de carence, une petite indignité
Le ministre de la Santé assure qu’il y aura une assurance invalidité décès, et que nous serons pris en charge en cas d’atteinte par le Covid-19, au titre d’une maladie professionnelle, le tout piloté par l’UNCAM. Mais tout cela est dit à l’imparfait du subjonctif, alors qu’il s’agit là d’une réelle urgence à appliquer au temps présent. Par ailleurs la gestion par l’UNCAM, indépendamment de l’inertie connue de cet organisme, nous permet de tout craindre, dans la mesure où, actuellement, un médecin généraliste libéral, arrêté dans son activité professionnelle pour positivité au Covid-19, n’a droit qu’à 113 euros d’indemnisation par jour… ! Et petite cerise sur le gâteau nous avons trois jours de carence (ce qui est mieux que nos 90 jours usuels !) ce qui est tout de même une petite indignité.
Nous sommes ici très loin de toutes réalités terrestres, puisque les charges usuelles de tout médecin généraliste se trouvent déjà hors de ce chiffrage. Ce n’est même plus du misérabilisme à ce stade. Tout ceci pour vous permettre de situer le fond des choses.
Moins de sinistres pour les assureurs
Je me pose la question, et c’est là le sens de ma démarche et de ce courrier : les grands groupes d’assurance comme le vôtre, et pourquoi tous les assureurs de notre pays, ne pourraient-ils pas abonder un fond financier spécial pour couvrir ce risque auprès des médecins généralistes libéraux en première ligne.
Il me semble que cela serait du domaine du possible, les semaines de confinement ayant vu chuter tous les sinistres de toute nature, les Groupes d’Assurance et assureurs, mutualistes y compris, ont eu une période neutre, dirons-nous, qui est sans doute chiffrable pour chacun d’eux. Rien qu’à ce titre cette couverture ne me semble pas « exubérante ».
Nous ne devrions pas, je l’espère, avoir une déferlante de décès en la matière, mais les symptomatologies lourdes avec séquelles peuvent être bien présentes. Pourquoi ne pas prévoir pour l’avenir dans tout contrat professionnel d’acteur de santé le risque épidémique puisque rien n’est sûr désormais dans notre terre toujours un peu plus étroite. ? Il me semble enfin que cette démarche nationale de nos assureurs réunis, sous votre égide, serait à mettre à votre crédit en termes d’image et tout à l’honneur de votre profession. Ce serait vraiment bien.
Pourquoi avoir choisi le Groupe AXA pour cette démarche inhabituelle ? Simplement car j’ai côtoyé un peu et un temps quelques-uns de vos dirigeants, entre Claude Bébéar et Henri de Castries, Daniel Laurent à propos du dossier des urgences, qui m’a toujours tenu à cœur professionnellement.
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EXERGUE : Pourquoi tous les assureurs de notre pays, ne pourraient-ils pas abonder un fond financier spécial pour couvrir ce risque auprès des médecins généralistes ?
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