Quel est le niveau de protection contre une réinfection Covid-19 procurée par une infection passée ? La question n'est pas nouvelle mais la réponse apportée dans une méta-analyse publiée dans « The Lancet » repose sur un travail sans précédent incluant 65 études dans 19 pays.
La méta-analyse a été menée par un groupe de travail américain coordonné par l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de la faculté de médecine de Washington.
La protection assurée contre les formes sévères par une infection passée y est élevée pour tous les variants, de 90,2 % pour la souche ancestrale ainsi que les variants Alpha et Delta, et de 88,9 % pour Omicron BA.1 à 10 mois.
Concernant le risque de réinfection, l'étude retrouve une protection par l'immunité naturelle, qui diminue avec le temps mais relativement maintenue (78,9 % à 10 mois), mais avec un déclin rapide et significativement plus marquée vis-à-vis d'Omicron (36,1 % à 10 mois), reflétant l'échappement immunitaire largement décrit en 2022.
Ne pas perdre de vue les avantages de la vaccination
Il reste que le niveau de protection « est au moins aussi haut, si ce n'est davantage que celui assuré par une vaccination à deux doses par les vaccins ARNm de haute qualité (Pfizer/BioNTech, Moderna) », écrivent les auteurs.
Pour autant, ces résultats ne doivent pas décourager de se faire vacciner. « C'est le moyen le plus sûr d'acquérir une immunité, alors que l'immunité naturelle est contrebalancée par les risques de maladie sévère et de décès associés à l'infection initiale », rappelle le Dr Stephen Lim, de l'IHME et auteur senior.
La vaccination garde toute sa place en particulier pour protéger les populations à risque. « Cela inclut les populations qui n'ont pas été infectées auparavant et les groupes non vaccinés, de même que ceux qui ont été infectés ou qui ont reçu leur dernière dose il y a plus de six mois », estime la Dr Caroline Stein, de l'IHME et co-autrice, ajoutant que « les décideurs devraient prendre en considération à la fois l'immunité naturelle et le statut vaccinal pour obtenir un tableau complet du profil immunitaire individuel ». Si l'Europe l'a mis en pratique dans le passe vaccinal, ce n'est pas le cas dans d'autres pays, comme aux États-Unis.
Quelle protection à long terme conférée par Omicron
Par ailleurs, les auteurs soulignent le peu de données concernant l'infection conférée par le variant Omicron BA.1 et ses sous-lignages BA.4 et BA.5, ce qui justifie de poursuivre la surveillance sachant qu' « environ 46 % de la population mondiale a été infectée par le variant Omicron entre le 15 novembre 2021 et le 1er juin 2022 ».
Des chercheurs non impliqués dans l'étude, et cités dans un commentaire publié dans le « Lancet », estiment quant à eux qu' « à long terme, la plupart des infections frapperont des personnes bien protégées contre les formes graves, à la suite d'une infection précédente, de la vaccination ou des deux ». Début janvier, un travail de l'Organisation mondiale de la santé montrait que l'immunité hybride restait la meilleure protection contre le Covid.
En Afrique, la séroprévalence était estimée à 87 % en décembre 2021, largement du fait d'une infection, rappelle dans un autre commentaire associé la Pr Cheryl Cohen, de l'Institut national des maladies transmissibles en Afrique du Sud. « Alors que l'épidémiologie du Sars-CoV-2 se tourne vers une circulation plus stable dans un contexte de haut niveau d'immunité, des études sur l'impact et le coût de l'infection Sars-CoV-2 et sur les groupes à risque de forme sévère sont nécessaires pour guider une politique vaccinale rationnelle et les décisions de priorisation par rapport à d'autres maladies transmissibles », explique la spécialiste sud-africaine.
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