C'est la disparition d'un glycolipide de l'enveloppe bactérienne, au cours de l'évolution, qui aurait augmenté la virulence des bacilles de la tuberculose chez l'homme. Ces conclusions, présentées par une équipe de chercheurs du CNRS, de l'Institut Pasteur et de l'université Toulouse III – Paul-Sabatier, représentent une avancée majeure dans la compréhension de cette maladie, parmi les plus meurtrières au monde.
Les étapes évolutives, et adaptations génétiques associées, qui ont permis aux bacilles de la tuberculose de coloniser l'homme étaient jusqu'alors peu connues. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue « Nature Microbiology » du 27 janvier, ont mis au jour une étape essentielle de l'émergence de l'agent infectieux.
L'étude sur un bacille génétiquement proche
Pour aborder cette question, les chercheurs se sont intéressés à Mycobacterium canettii, un bacille génétiquement proche de l'ancêtre de M. tuberculosis, l'actuel responsable de la tuberculose. Alors que sur milieu solide les colonies de M. tuberculosis sont sèches, rugueuses et fripées, celles de M. canettii sont apparues muqueuses et collantes. L'étude des mutants spontanés de M. canettii formant des colonies fripées a montré que ce changement d'aspect est provoqué par une recombinaison entre deux gènes impliqués dans la production d'un glycolipide de l'enveloppe bactérienne.
L'inactivation de la voie de biosynthèse du glycolipide
En étudiant précisément l'organisation génétique de cette région chez les bacilles de la tuberculose, les scientifiques ont pu démontrer qu'une recombinaison similaire s'était produite chez l'ancêtre de M. tuberculosis. Une recombinaison qui a conduit à l'inactivation de la voie de biosynthèse du glycolipide et donc à sa disparition à la surface des bacilles. En utilisant différents modèles animaux et cellulaires de l'infection, les chercheurs ont établi que cette modification de l'enveloppe bactérienne provoque un changement des interactions avec les cellules de défense de l'hôte et une augmentation de la virulence de M. canettii.
La tuberculose est une maladie bactérienne chronique causée par l'agent infectieux Mycobacterium tuberculosis. Selon Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2014, 9,6 millions de cas de tuberculose et 1,5 million de décès ont été recensés dans le monde, classant cette maladie au second rang des causes de décès dus à un agent infectieux unique.
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