LE DÉPISTAGE de la toxoplasmose mis en place en France en 1985 prévoit la réalisation d’un premier sérodiagnostic avant la fin de la douzième semaine de gestation. La procédure a été complétée en 1992 par le suivi des femmes séronégatives, qui doivent bénéficier d’une prise de sang mensuelle pour vérifier l’absence d’infection. Un minimum de 7 sérologies est recommandé. L’efficacité de ce programme destiné essentiellement à prévenir toxoplasmose congénitale dépend en partie de l’adhésion des futures mères. L’étude conduite par Martine Wallon (département de parasitologie de l’hôpital de la Croix-Rousse, CHU de Lyon) et son équipe a, pour la première fois en France, mesuré l’adhésion au dépistage de la toxoplasmose à partir des données de l’Union régionale des caisses d'Assurance-maladie (URCAM) de Rhône-Alpes. L’analyse a inclus toutes les femmes qui ont accouché entre le 1 er juillet 2002 et le 30 juin 2003 et qui ont bénéficié du remboursement d’au moins deux diagnostics sérologiques, soit 34 290 des 41 086 parturientes âgées en moyenne de 29,5 ans.
Trop tard, trop peu nombreux.
Les résultats publiés dans « Eurosurveillance » mettent en évidence un dépistage insuffisant. Contrairement aux recommandations, la première recherche d’anticorps a été réalisée au-delà de la 12 e semaine dans 25 % des cas. Par ailleurs, le délai entre deux tests a au moins une fois excédé les 35 jours chez 80 % des femmes enceintes non immunisées tandis que 60 % d’entre elles n’ont pas bénéficié d’un suivi sérologique complet (moins de 7 tests réalisés). Le nombre moyen de tests effectués dans cet échantillon de la région Rhône-Alpes était de 5,7.
Plus les femmes étaient jeunes, plus elles étaient susceptibles d’avoir un premier test tardif. En revanche, l’âge n’avait pas d’influence significative sur la régularité ou sur le nombre de tests. Le fait que les femmes ne nécessitaient pas de suivi médical particulier était associé à un dépistage non optimal (premier test tardif, tests moins nombreux et irréguliers). Lorsque la prescription était faite par un généraliste, le premier test était plus précoce mais le suivi n’était pas optimal. À l’inverse, une prescription réalisée par un spécialiste, en particulier le gynécologue, était associée à un premier test tardif mais un suivi meilleur.
Information et sensibilisation.
Les femmes semblent méconnaître la toxoplasmose et ses conséquences sur le ftus. Des études antérieures avaient déjà montré que les femmes séronégatives « avaient tendance à négliger les précautions d’hygiène ou d’alimentation » recommandées pour prévenir toute contamination en cours de grossesse. Des efforts d’information et de sensibilisation semblent nécessaires. « De manière tout à fait intéressante, signalent les auteurs, le programme de prévention de la toxoplasmose en France illustre parfaitement les limites de tels programmes lorsqu’ils ne sont pas appuyés par des campagnes d’information. » Les efforts devront également concerner ceux qui ont à prescrire les tests, médecins et gynéco-obstétriciens mais aussi sages-femmes et biologistes. Les modalités de la prescription pourraient être améliorées en particulier par une ordonnance unique destinée à couvrir la durée de la grossesse. Cette procédure « pourrait même être étendue aux autres examens biologiques, aux rendez-vous médicaux et aux échographies », suggèrent-ils.
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