L’épidémie d’Ebola a fait plus de 11 300 morts sur les 29 000 cas recensés, en Guinée, foyer primaire de l’épidémie fin 2013, en Sierra Leone et au Liberia. L’épidémie n’est pas terminée mais les cas sont rares en Sierra Leone et en Guinée. Le Libéria qui avait interrompu toute transmission a détecté une nouvelle « résurgence ». Trois cas ont été identifiés chez une même famille. L’OMS attribue cette résurgence à la persistance du virus dans les liquides corporels de certains survivants.
Deux études publiés dans le « New England Journal of Medicine » ont apporté la preuve de la persistance au-delà de 9 mois du virus dans le sperme de survivants, l’un sur la persistance possible du virus dans le sperme et l’autre sur un cas de transmission sexuelle par un survivant. Les résultats préliminaires d’un suivi de cohorte chez 98 survivants en Sierra Leone dans ses premiers résultats que le virus peut être détecté par PCR au-delà de 9,5 mois. La deuxième étude rapporte le cas au Liberia, d’une transmission par voie sexuelle d’un survivant à sa partenaires. Au vu de ces deux études, l’OMS a publié des recommandations préconisant l’utilisation prolongée de préservatifs jusqu’à 2 tests négatifs et un test du sperme à partir de 3 mois après le début de l’infection. En cas de positivité, l’abstinence sexuelle ou le port de préservatifs, entre autres mesures, sont recommandés.
Une méningo-encéphalite 9 mois après
Ces deux études faisaient écho au cas de Pauline Cafferkey, une infirmière britannique déclarée « complètement rétablie » le 24 janvier 2015 puis hospitalisée en octobre pour une méningo-encéphalite. Cette « complication tardive inhabituelle » a posé la question du risque de réactivation du virus à distance de la primo-infection chez les survivants. Ils seraient plus de 10.000. La persistance du virus dans certains réservoirs, autre que le sperme sont possibles : œil, le liquide amniotique, placenta, lait maternel et système nerveux central. Dans le cas de l’infirmière, le réservoir au niveau du SNC semblait peu contaminant mais les autorités écossaises ont décidé de proposer une vaccination à certains sujets-contacts de l’infirmière. Cette prophylaxie post-exposition a été rendue possible grâce au vaccin recommandé par l’OMS.
Un premier cas de réactivation avait déjà été reporté chez un médecin américain survivant qui avait présenté une uvéite un mois après la guérison illustrant qu’« il existe de nombreuses complications ophtalmiques, des choriorétinites, après l’infection Ebola » d’après le Pr Éric Delaporte (Institut de Recherche pour le Développement, IRD), en charge du suivi d’une cohorte de survivants en Guinée.
Une étude du « Lancet Infectious Disease », réalisée après l’épidémie de 2007 en Ouganda montre que les survivants ont un risque élevé de déficience multisensorielle : déficience visuelle, auditive, troubles de la déglutition et du sommeil, douleurs articulaires et problèmes cognitifs.
Un premier vaccin efficace contre Ebola
Concernant la recherche, les experts ont validé les premiers résultats d’un test de diagnostic rapide de l’infection qui, contrairement à la PCR, permet de travailler à température constante. Il s’agit du premier test rapide autorisé dans un contexte d’urgence Ebola.
Les résultats intermédiaires de l’essai « Ebola, ça suffit » du vaccin VSV-EBOV mené en Guinée ont été publiés cet été en pleine épidémie. Ces premières données ont permis aux investigateurs d’ouvrir la vaccination immédiate à toutes les personnes en contact avec des malades. Cet essai a utilisé une méthode en ceinture qui consiste à vacciner les contacts des patients dont l’infection par le virus Ebola a été confirmée en laboratoire, ainsi que toutes les personnes qui ont été en contact avec le premier « périmètre » de patients vaccinés. Entre le 1er avril et le 20 juillet, 7 651 volontaires ont été recrutés, issus de l’entourage de près de 100 patients atteints de la maladie. La moitié d’entre eux ont été vaccinés immédiatement et la moitié des autres 3 semaines après l’inclusion dans l’étude. Les 4 123 personnes vaccinées immédiatement après avoir été incluses dans l’étude n’a été infectée plus de dix jours après. À la vue de ces résultats positifs, la randomisation de l’essai a été levée. L’essai a été étendu en Guinée et en Sierra Leone. D’autres candidats vaccins sont à l’étude dont un essai de phase 2 mené par l’INSERM et coordonné par le Pr Rodolphe Thiebaut de l’unité U897 « épidémiologie et biostatistique » de l’université de Bordeaux.
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