LES TROIS PANDÉMIES de 1918 (H1N1), de 1957 (H2N2/1957) et de 1968 (H3N2/1968) ont été déclenchées par l’introduction et l’adaptation à l’homme d’un nouveau sous-type d’hémagglutinine d’origine animale et par les modifications antigéniques qui en ont découlé. L’analyse des huit fragments génétiques du virus BM/1918 (A/Breving Mission/1/1918) avait amené à conclure que ce virus dérivait directement de l’introduction d’un précurseur aviaire peu avant le début de la pandémie. Mais cette thèse demeure controversée. Or, la compréhension insuffisante du mécanisme des pandémies du passé fait obstacle à la préparation face aux nouvelles pandémies.
Au moins six ans avant la pandémie de 1918.
Des chercheurs chinois ont entrepris une analyse génétique comparative des virus associés aux trois pandémies en évaluant, à l’aide du TMRCA moyen (Times of Most Recent Common Ancestor), la date d’introduction dans le virus humain de chacun des fragments génétiques impliqués dans les pandémies. Ils montrent ainsi que les gènes précurseurs M et PB2 de tous les virus humains H1N1 étaient déjà présents chez des hôtes mammifères (le porc et l’homme) au moins six ans avant la pandémie de 1918, ce qui contredit la thèse de l’introduction d’un virus aviaire.
Une étude de relations phylogénétiques suggère, par ailleurs, que le virus BM/1918 a été produit par des recombinaisons entre des virus de mammifères et une souche virale humaine qui circulait déjà chez le porc, voire chez l’homme. Les relations phylogénétiques entre le virus BM/1918 et les gènes PB2, M et NS du virus porcin H1N1 classique indiquent que ce dernier est lui-même le produit d’une recombinaison entre BM/1918 et un autre non identifié. Le virus porcin dérive donc partiellement du virus BM/1918 et n’est pas un précurseur de la pandémie de 1918. Il apparaît ainsi qu’au moins trois variants H1N1 circulaient alors ensemble : le BM/1918 et les précurseurs des H1N1 porcins saisonniers. Ceci pourrait expliquer des flambées de grippe de sévérités variables durant la pandémie de 1918. Cette observation pourrait avoir son importance dans l’émergence de la pandémie actuelle par des H1N1 d’origine porcine.
L’évaluation des TMRCA indique également que la souche pandémique H2N2/1957 semble avoir été produite par des recombinaisons entre des virus humains et aviaires, qui circulaient déjà, et des nouveaux gènes H2, N2 et PB1 issus de souches aviaires eurasiennes. Ces trois gènes ont été introduits chez l’homme deux à six ans avant la pandémie. En ce qui concerne le virus H3N2/1968, les TMRCA des gènes HA et PB1 du virus H3N2 suggèrent qu’il a pu circuler dès 1966.
De multiples recombinaisons.
Selon ces nouveaux travaux, il est donc possible que les trois souches à l’origine des grandes pandémies de grippe du XXème siècle aient résulté de multiples recombinaisons plusieurs années avant l’émergence et l’identification des pandémies. Il apparaît en outre que ces trois souches ont été produites par des recombinaisons entre des virus humains pré-existant et au moins une souche virale animale. Les nouveaux fragments génétiques observés lors des pandémies de 1957 et 1968 étaient vraisemblablement d’origine aviaire. En revanche, l’origine animale précise des fragments génétiques introduits dans le virus humain au moment de la pandémie de 1918 reste indéterminée. Ces nouvelles données pourraient avoir un intérêt dans l’approche de la pandémie actuelle.
(1) GJD Smith et coll., Proc Natl Acad Sci USA, publié en ligne.
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