« VOUS L’AIMEZ doré à point votre staphylocoque…euh, pardon, votre poulet ? » Ce jeu de mot de mauvais goût illustre la pandémie planétaire à Staphylococcus aureus (S. aureus), qui touche les élevages de volaille depuis quelques années. Ironie de l’histoire, par ces temps de pandémie au virus A(H1N1)v d’origine porcine et aviaire, la transmission infectieuse s’est effectuée, cette fois-ci, de l’homme vers l’animal. Au terme d’une enquête génétique digne de Sherlock Holmes scientifiques, Bethan Lowder et ses collaborateurs de l’université d’Édimbourg viennent en effet de montrer que la majorité des isolats bactériens prélevés chez des volailles issues de quatre continents proviennent de la même souche humaine, un sous-type de la lignée ST5 polonaise. Ce changement d’hôte, de l’homme aux volatiles, serait apparu il y a environ trente ans dans ce pays de l’ex-bloc soviétique.
Des réseaux de distribution mondiaux.
Comme le soulignent les scientifiques d’outre-manche, il a fallu deux phénomènes importants pour permettre la propagation de cette épidémie aviaire à travers le monde : une adaptation de la bactérie très rapide à son nouvel hôte et une mondialisation des réseaux de distribution commerciale. Ainsi, contrairement au sous-type ST5 d’origine humaine, dont la dissémination géographique est très circonscrite, il n’en est pas de même pour les volatiles, puisque les élevages sont contaminés sur quatre continents. Par rapport au progéniteur humain, les souches ST5 des volailles se sont diversifiées sur le plan génétique, à la fois en intégrant des éléments spécifiques du patrimoine aviaire et en inactivant plusieurs protéines responsables de la pathogenèse humaine. De plus, ces événements génétiques se sont accompagnés d’une résistance accrue des poulets à l’infection.
L’augmentation des ostéites dans les élevages de volailles est ainsi corrélée à l’émergence et la dissémination étendue du sous-type ST5 parmi les volatiles. Alors que la distribution alimentaire n’a sélectionné que quelques espèces pour la consommation mondiale, la perte de la biodiversité dans l’industrie des rôtisseries favorise la propagation des agents opportunistes. Certaines maladies infectieuses sont ainsi sélectionnées, en fonction de la prédisposition génétique de ces gros oiseaux. En conclusion, les chercheurs soulignent l’importance vétérinaire de surveiller la flore commensale de la volaille afin de dépister au plus tôt des agents pathogènes bactériens. La décolonisation à S. aureus du cheptel à plumes pourrait être ainsi un moyen efficace de maîtriser les infections staphylococciques. Un exemple que les activités humaines, en particulier économiques, ont une influence sur l’émergence de pathogènes chez les animaux.
Proc Natl Acad Sci USA, édition avancée en ligne.
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