DEPUIS SA MISE sur le marché en 2000, le linézolide (Zyvoxid) était encore exempt de résistance en service de réanimation, jusqu’aux premiers cas survenus à l’hôpital San Carlos de Madrid entre avril et juin 2008. L’équipe du Dr Miguel Sanchez Garcia publie la description de 12 patients traités par linézolide pour une infection à staphylocoques aureus résistants à la méthicilline (SARM), et secondairement porteurs de la même résistance liée au gène cfr. Ce staphylocoque aureus multirésistant, à la fois à la méthicilline et au linézolide (SARML), était responsable de pneumopathie acquise sous ventilation mécanique chez six d’entre eux et de bactériémie chez trois autres. Sur les six décès survenus, un seul était en rapport avec l’infection à SARML. Deux facteurs semblent en cause dans la survenue du foyer de résistance, d’une part, les fautes d’hygiène et, d’autre part, la prescription antérieure de l’antibiotique. Depuis la forte limitation dans la prescription et le renforcement des mesures d’hygiène, aucun cas de résistance n’a été signalé de nouveau dans le service madrilène entre juillet 2008 et avril 2010.
Était inclus dans l’étude tout patient porteur de résistance au linézolide administré pour une infection à SARM. Un programme de surveillance des infections à SARM prévoyait des prélèvements systématiques au niveau des principaux gîtes bactériens, à savoir le nez, le pharynx et les aisselles. Dans ces situations, des recommandations locales mettaient l’accent sur le lavage des mains, l’utilisation de gants, masques et surblouses, une douche quotidienne corps entier à la chlorhexidine et sur l’application de pommade antibiotique au niveau des narines. Après le traitement de décolonisation, des prélèvements hebdomadaires étaient réalisés jusqu’à négativation. Les patients porteurs de SARML étaient isolés en chambre seule avec des consignes strictes de contact. La résistance au linézolide était classiquement définie selon les critères de l’EUCAST (European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing) par une concentration minimale inhibitrice › 4 mg/l. Le génotypage des isolats SARML a trouvé 1 clone principal et trois autres types. La présence du gène cfr a été retrouvée par PCR sur l’ensemble des prélèvements.
Deux mesures efficaces.
Les infections à SARML sont très peu fréquentes et cette description st la première du genre en unité de soins intensifs. Tandis que dans la littérature médicale, il est apparu que le principal facteur de risque était la prise antérieure de linézolide. Curieusement, même si le fait de réduire la durée de traitement apparaît intuitivement comme une mesure raisonnable, la résistance liée au gène cfr est apparue rapidement après une cure courte antibiothérapie. Néanmoins, cette mesure a permis d’éviter de nouveaux cas dans le service entre juillet 2008 et avril 2010. La mortalité par infection à SARML était faible, un seul décès lui étant attribuable. Les auteurs suggèrent de limiter le risque lié au réservoir dans l’environnement immédiat, en renforçant les mesures d’hygiène et en prescrivant avec modération de linézolide.
JAMA, 9 juin 2010, volume 303, n° 22, 2260-2264.
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