En 2016, les autorités cubaines ont fait état de 197 cas d'infections par le virus Zika, et aucun en 2017. Selon des estimations publiées aujourd'hui dans la revue « Cell » par les chercheurs de l'école de santé publique de Yale, il y aurait en réalité eu entre 1 000 et 20 000 cas au cours de ces 2 années. L'île aurait donc connu, un an après le pic épidémique observé dans le reste des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, une épidémie qui aurait échappé aux autorités.
Une détection efficace des nouveaux cas, asymptomatiques dans leur grande majorité, « n'est pas possible dans toutes les régions du monde, pour diverses raisons biologiques ou socio-économiques, » explique le premier auteur, le Pr Nathan Grubaugh du département d'infectiologie de l'université de Yale. Pour parvenir à leurs conclusions, les auteurs ont analysé les prélèvements sanguins des voyageurs présentant un diagnostic confirmé de Zika au retour des régions concernées par l'épidémie, disponibles dans le département de la santé de Floride.
En réalisant le génotypage des souches virales détectées, et en reconstituant le parcours des patients, les scientifiques sont arrivés à la conclusion d'une circulation intense du virus a eu lieu entre 2016 et 2017 sur l'île de Cuba. Ils ont en outre établi un lien de parenté entre les souches virales cubaines et celles observées dans le reste de l'Amérique du Sud.
Une campagne de contrôle vectoriel efficace
« Une grande question reste : pourquoi l'épidémie de Cuba est survenue un an après celles qui ont touché le reste de la région, questionne le Pr Grubaugh ? Nos travaux de modélisation indiquent que ce délai s'expliquerait par une efficace campagne de contrôle vectoriel. » Le gouvernement cubain a en effet lancé une vaste campagne de lutte contre les moustiques au moment du pic épidémique en Amérique du Sud.
Dans leur article, les chercheurs estiment que la méthode utilisée pourrait être déployée à l'avenir pour détecter la circulation du virus Zika dans les régions du monde dépourvues de système de surveillance épidémiologique adapté. Bien que l'épidémie de Zika ait fortement régressé en Amérique du Sud, elle reste actuellement très active dans plusieurs pays comme l'Angola ou la Thaïlande.
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