La surveillance et la lutte contre les moustiques vecteurs se sont longtemps basées sur un principe simple : garder l’œil sur les moustiques qui se sont révélés être de bons vecteurs dans d’autres régions du monde.
Mais plus les chercheurs se penchent sur la relation entre les moustiques et les arboviroses, plus cette relation s'avère subtile. « Il existe en fait de véritables spécificités régionales, explique Fadila Amraoui, de l’unité « Arbovirus et insecte vecteurs » à l’institut Pasteur, quand il arrive dans une région, le virus s’adapte à ce qu’il trouve comme espèce de moustique ».
Le chikungunya, par exemple, a normalement pour vecteur principal l’Aedes aegypti. Cela ne l’a pas empêché de s’appuyer massivement sur l’Aedes albopictus pour se propager à travers l’île de la Réunion, puis de renouer avec l’Aegypti en Amérique du Sud. Le virus de la Vallée du Rift, quant à lui, a toujours été transmis à l’homme par le Culex Pipiens, ce qui ne l’empêche pas d’être également transmis par des Aedes en Afrique Sub-Saharienne.
Le moustique évolue également aussi en changeant d'habitat. « C’est en Albanie que l’on atteste de la présence d’Aedes albopictus la plus ancienne : près de 20 ans. En étudiant une souche qui s’y était développée à 1 200 m d'altitude, on a découvert qu’elle transmettait mieux les virus à 20 degrés qu'à 28 degrés », détaille Fadila Amraoui. Les chercheurs ont également battu en brèche la vieille croyance qui veut que les arbovirus n'affectent pas la survie des moustiques. « Après l'infection, on assiste à une forte mortalité des moustiques, poursuit Fadila Amraoui, il faut que le moustique survive à l'infection et soit suffisamment en forme pour piquer ensuite, afin de transmettre efficacement. »
En France, une question qui reste ouverte
En France, métropolitaine, la question reste ouverte : « À partir du moment où l'insecte vecteur est présent sur le territoire, les agents pathogènes associés à ces vecteurs ne tardent pas à émerger », explique Anna Bella Failloux, qui dirige l’unité « Arbovirus et insecte vecteurs » à l’institut Pasteur. Aedes albopictus est ainsi susceptible de transmettre au moins 26 virus différents dont la fièvre jaune, mais il reste « bien moins anthropophile que l’Aedes aegypti » et donc moins susceptible de piquer un humain pour le contaminer, précise Anna Bella Failloux. Les comportements humains ont aussi leur importance : les chercheurs se questionnent sur la capacité d’une épidémie de Zika a se déclarer dans un pays tempéré comme la France dont les habitants vivent moins à l’extérieur qu’au Brésil, et avec des densités de populations plus faibles.
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