La tique Hyalomma, présente en France depuis 2015 au niveau du littoral méditerranéen, peut transmettre la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) considère que le dérèglement climatique pourrait contribuer à étendre son implantation. « Si aucun cas humain n’a été détecté pour l’instant, le risque d’apparition de cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo en France est possible », estime-t-elle.
L'agence vient de publier un rapport d’expertise collective sur le sujet. « Aucun cas autochtone n’a été détecté chez l’humain en France, mais des cas sont enregistrés chaque année en Espagne », précise-t-elle. L'agence sanitaire plaide ainsi pour une surveillance nationale de ces tiques, afin d'adopter des mesures de prévention et de gestion des risques en fonction de l’évolution de la situation. Les professionnels de santé doivent notamment être sensibilisés à l’identification des cas humains autochtones.
« Pour se préparer au mieux à l’émergence potentielle du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo sur notre territoire, il est essentiel de renforcer la surveillance des tiques en France mais également de celles qui arriveraient en provenance de pays où le virus circule actuellement. Ces introductions peuvent se faire lorsque la tique Hyalomma est fixée sur un oiseau migrateur, ou sur un cheval ou bovin importé par exemple », explique Elsa Quillery, coordinatrice de l'expertise scientifique.
Une dizaine de cas autochtones en Espagne depuis 2013
La tique Hyalomma, qui vient d'Afrique et d'Asie, a été introduite en France via les oiseaux migrateurs d'Afrique, tout d'abord en Corse, où elle est présente depuis plusieurs décennies. Trois espèces de tiques du genre Hyalomma sont présentes sur le territoire. Cette tique ne transmet pas uniquement le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, elle est aussi le vecteur d'autres agents pathogènes responsables de maladies humaines, comme les rickettsioses, ou de maladies animales, comme la piroplasmose équine.
« Chez l’humain, la fièvre de Crimée-Congo se limite généralement à un syndrome grippal avec troubles digestifs. Dans certains cas, elle peut néanmoins s’aggraver et se traduire par un syndrome hémorragique, dont le taux de létalité atteint 30 % dans certains pays », détaille l'Anses.
L'Espagne compte une dizaine de cas humains autochtones depuis 2013, parmi lesquels des décès. En France, il semblerait que des animaux domestiques et sauvages aient été infectés, alors que des anticorps spécifiques du virus ont été retrouvés parmi certains.
Des tiques qui apprécient la chaleur
L'Anses indique que le risque d’apparition de cas va être augmenté avec « l’extension géographique de la zone d’implantation des tiques qui devrait être favorisée par les changements climatiques en cours ». En effet, les tiques Hyalomma apprécient les climats secs et les périodes chaudes. « En France, on les retrouve préférentiellement dans la garrigue ou le maquis du pourtour méditerranéen, contrairement aux autres tiques qui sont plutôt forestières », précise l'Anses.
L’Agence recommande par ailleurs la mise en place de programmes de recherche visant à mieux comprendre les facteurs influençant l’épidémiologie et la dynamique spatio-temporelle des tiques Hyalomma et du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. « De nouvelles connaissances sont également nécessaires pour développer de nouvelles molécules antivirales contre ce virus et développer un vaccin », poursuit-elle.
L'Anses rappelle les mesures à prendre pour prévenir les piqûres de tiques : porter des vêtements couvrants de couleur claire lors des promenades dans la nature, s'inspecter au retour de promenades en forêt…
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