Le rouget du porc
L’examen clinique objective une main très inflammatoire et augmentée de volume et siège d’une lésion érythémateuse.
Parallèlement, il existe des adénopathies axillaires droites, ainsi qu’une douleur à la mobilisation du bras.
L’ensemble de ces éléments nous incite à poser le diagnostic de Rouget du porc.
Cette entité est également appelée érysipéloïde de Baker-Rosenbach, érysipélotrichose, maladie des poissonniers. L’agent responsable de cette pathologie est un bacille Gram positif, non mobile, anaérobie ou aérobie facultatif, l’érisypelothrix rhusiopathiae. Ce germe est tué par un chauffage de 70°C durant 5 à 10 min, ainsi que par des solutions de phénol, de soude ou de crésol.
Epidémiologie
La répartition est mondiale, mais elle reste plus élevée en Amérique du Nord, Europe et Australie.
Le premier réservoir de cette bactérie est représenté par les suidés : 30 à 50 % des porcs considérés comme sains hébergent cette bactérie dans les amygdales, les ganglions lymphatiques ou la valvule iléo-cæcale. Les crustacés, moutons (surtout en Australie), et plus rarement les oiseaux, et rongeurs sont les autres réservoirs.
La contamination s’effectue à la suite d’un contact par des arêtes, des os, ou comme dans notre cas peut être secondaire à la morsure d’un porc.
Aspects cliniques
L’incubation varie entre 12 à 48 heures. La forme cutanée de Baker-Rosenbach se caractérise par une macule érythémateuse et très prurigineuse au point d’inoculation. En quelques heures, cette dernière prend une coloration lie de vin, et s’étend progressivement. La lésion est souvent très douloureuse mais l’état général est le plus souvent conservé et l’hyperthermie est modérée. Il est possible de mettre en évidence une lymphangite et une adénite, des arthralgies et des œdèmes des doigts.
L’érysipéloïde guérit le plus souvent au bout de 2 à 3 semaines ; une desquamation et un dessèchement sont alors notés.
Une forme diffuse est observée chez les personnes ayant un déficit immunitaire. Des septicémies, et des endocardites ont été décrites. Le taux de mortalité des endocardites dans ce cas est deux fois plus élevé que dans les autres endocardites bactériennes.
D’autres formes cliniques, rares, ont été décrites : des arthrites septiques, des péritonites, des fasciites.
Le diagnostic est souvent clinique (comme dans notre situation) mais l’agent infectieux peut être isolé sur des prélèvements cutanés ou dans les hémocultures.
Le traitement repose sur l’administration d’une dose unique IM de benzathine-pénicilline à raison de 1,2 million d’unités, ou d’un macrolide ou d’une doxycycline durant 5 jours.
Quelle attitude avoir dans le cas d’une exposition ?
Plusieurs activités exposent à ce risque : personnes qui manipulent de la viande et des abats, des poissons et crustacés (équarrisseurs, bouchers, naturalistes, poissonniers, pêcheurs, les vétérinaires, personnels de laboratoires). Il n’existe pas de traitement prophylactique. Tout sujet potentiellement contaminé doit se laver les mains, et en cas de plaie se désinfecter et couvrir cette dernière avec un pansement imperméable.
Une surveillance de la plaie durant dix jours doit être effectuée pour pouvoir débuter un traitement curatif précoce. Au niveau médico-légal, cette pathologie est à déclaration obligatoire, et peut être sujette à réparation au titre des maladies professionnelles : tableau n° 88 pour le régime général, tableau n° 51 pour le régime agricole.
Bibliographie
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4.Guide EFICATT. Rouget du porc. http://www.inrs.fr.
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