Entre 2004 et 2014, le nombre de personnes infectées par le virus de l’hépatite C mais non-diagnostiquées est passé d’environ 100 000 à 75 000 – ce sont les estimations avancées par les auteurs d’un travail de modélisation, publié aujourd’hui dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) de l’Institut national de veille sanitaire (InVS).
Pour rappel, on estime qu’au total, 232 000 patients sont porteurs d’une hépatite C, selon les chiffres de la Haute Autorité de santé (HAS).
Si le nombre de malades non diagnostiqués a donc nettement diminué en 10 ans, selon ces estimations mathématiques, il reste néanmoins élevé, concluent les auteurs, qui précisent que la proportion d’hommes est supérieure à la proportion de femmes (48 % vs 40 %) non diagnostiquées.
Recommandations du rapport Dhumeaux
Ce travail, mené par Cécile Brouard de l’INVS et ses collègues, a contribué à l’élaboration des recommandations de dépistage émises l’année dernière dans le rapport Dhumeaux.
Actuellement, seules les personnes à risque bénéficient d’un dépistage. Le rapport Dhumeaux, lui, préconisait un dépistage massif, en testant simultanément pour le VHC, le VHB et le VIH les hommes de 18 à 60 ans et les femmes enceintes, au moins une fois au cours de leur vie, et indépendamment de la présence d’expositions à risque. Au vu de leurs résultats, les auteurs estiment que « des études complémentaires sont nécessaires pour évaluer le coût efficacité et la faisabilité de cette nouvelle stratégie ».
Pour un dépistage massif
Le Pr Daniel Dhumeaux, du CHU Henri Mondor de Créteil, coordinateur du rapport remis aux autorités en mai 2014, estime pour sa part que ces nouveaux résultats confirment le bien-fondé de ses recommandations, qui « devrait maintenant être appliqué, conclut-il dans un éditorial accompagnant l’étude. Les insuffisances identifiées en termes de dépistage et de prise en charge constituent, chez les personnes infectées, une perte de chance inacceptable. Personne ne le conteste : nos efforts doivent se poursuivre et s’amplifier ». Un point de vue partagé par le Pr Victor de Lédinghen, secrétaire général de l’Association française pour l’étude du foie (AFEF), et membre du comité de suivi mis en place par la Direction générale de la santé (DGS), pour organiser le déploiement et la mise en place progressive de ces recommandations.
« Le comité se réunit régulièrement, et tout est fait pour essayer de mettre en place les recommandations du rapport au plus vite, explique-t-il. Mais il manque des moyens – ça coûte cher de dépister – de l’information, et puis une question reste ouverte : dépister pour quoi ? Si on dépiste, il faut maintenant y associer le traitement dans la foulée. Les autorités sanitaires doivent mettre en place et mener une vraie politique globale de prise en charge de l’hépatite C. Et je pense que c’est ce que nous avons essayé de dire lors de nos dernières recommandations », a-t-il indiqué au « Quotidien ».
Les associations mobilisées
La semaine dernière, l’AFEF a émis de nouvelles recommandations, demandant d’ouvrir l’accès aux antiviraux à action directe (ADD) à d’autres populations, comme les patients transplantés, les prisonniers, les consommateurs de drogues et les patients infectés par le génotype 3, quel que soit le stade de fibrose.
Les associations de patients restent mobilisées. AIDES, SOS Hépatites, MdM ou encore le TRT-5 appellent les autorités à tout mettre en œuvre pour faire baisser les prix des nouveaux traitements et « garantir l’accès inconditionnel aux malades ». Les associations demandent également que les tests rapides de dépistage du VHC soient mis à leur disposition. « Ces nouveaux traitements n’auront l’effet escompté que s’ils s’accompagnent d’une offre de dépistage efficace, en proximité avec les populations les plus exposées », a expliqué le président de AIDES Bruno Spire.
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