Les crises humanitaires sont-elles en train de miner les efforts de lutte contre l'épidémie d'infection par le VIH ? En ouverture du congrès de la conférence internationale de la société internationale du Sida (IAS), le président de l'IAS, le Pr Anton Pozniak, a tiré le signal d'alarme. « De la Syrie au Venezuela, la difficulté croissante que nous rencontrons pour fournir les traitements et les moyens de prévention aux populations plongées dans les crises humanitaires menace tous les progrès réalisés pour lutter contre l'épidémie, prévient-il. Dans une situation d'urgence, les populations déplacées sont particulièrement vulnérables au risque de nouvelles infections. »
Plus de 135 millions de personnes dans le monde requièrent actuellement une assistance humanitaire. En Amérique Centrale, et au Venezuela, l'instabilité politique a provoqué une migration de masse et débordé les systèmes de santé locaux. Sur les 120 000 patients vénézuéliens vivant avec le VIH, seulement la moitié avait accès aux traitements antirétroviraux en 2017, et moins de 7 % avaient une charge virale indétectable. Au Chili, les migrants provenant du Venezuela ou d'Haïti représentaient la moitié de nouveaux cas d'infection par le VIH en 2018.
Femmes et jeunes filles en première ligne
« Les crises et les situations d'urgence exposent les femmes et les jeunes filles à un risque accru de violence, d'infection par le VIH et de grossesses non désirées », s'alarme le Pr Quarraisha Abdool Karim, du Centre pour les programmes de recherche sur le sida en Afrique du Sud (CAPRISA).
Lors de la session d'ouverture du congrès, les experts ont rappelé que les femmes et les jeunes filles sont celles qui font face aux « obstacles structurels » les plus importants : stigmatisation, discrimination et méconnaissance des personnels de santé en ce qui concerne la santé des femmes. On compte encore 29 pays où le consentement du mari reste nécessaire pour accéder à des services de santé sexuelle et reproductive.
Pour inverser la tendance, les experts de l'IAS préconisent des interventions ciblées sur la prévention et le soin dans le domaine du sida, directement intégrées dans le cadre de la réponse aux drames immunitaires. La diplomate américaine Deborah Birx, coordinatrice de l'aide américaine contre le Sida a donné l'exemple des réalisations du plan du président pour l'aide d'urgence contre le sida (PEPFAR) : « plus de 17 millions de vies ont été sauvées » en 10 ans, « et nous avons contribué à transformer la réponse globale au VIH », en l'intégrant dans la réponse aux situations sanitaires d'urgence.
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