Infection à VRS : près d’un quart des plus de 50 ans hospitalisés développe une complication cardiaque

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Publié le 15/04/2024
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Une étude suggère que les complications cardiaques sont fréquentes chez les plus de 50 ans hospitalisés avec une infection par le virus respiratoire syncytial (VRS). La survenue de ces complications est associée à un plus mauvais pronostic.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Alors que la fréquence des complications cardiaques d’une infection par le virus respiratoire syncytial (VRS) reste peu documentée, une étude propose une première estimation : près d'un quart des plus de 50 ans hospitalisés avec une infection confirmée présenterait, au cours de leur séjour, un événement cardiaque aigu (22,4 %), le plus souvent une insuffisance cardiaque aiguë (15,8 %). Ces complications multiplient par deux le risque d’issues défavorables.

Publiée dans le Jama Internal Medicine, cette étude a analysé les données de 6 248 adultes hospitalisés avec une infection confirmée par le VRS (âge médian de 72,7 ans ; 59,6 % de femmes ; 56,4 % atteints d'une maladie cardiovasculaire sous-jacente ; 36,8 % avec des antécédents de tabagisme et 15,7 % de tabagisme actif). Ces données ont été collectées durant cinq saisons de circulation du VRS (annuellement de 2014-2015 à 2017-2018 et 2022-2023).

Un patient sur 12 sans pathologie cardiovasculaire sous-jacente

Si l'insuffisance cardiaque aiguë était l’évènement le plus fréquent, d’autres complications, moins courantes, sont relevées : les cardiopathies ischémiques aiguës (7,5 %), les crises hypertensives (1,3 %), la tachycardie ventriculaire (1,1 %) et le choc cardiogénique (0,6 %). Le risque global était fortement accru chez les patients avec une maladie cardiovasculaire sous-jacente (33 % contre 8,5 % ; aRR = 3,51). Mais, un patient sur 12 (8,5 %) sans pathologie sous-jacente serait tout de même concerné. Ce résultat « suggère qu'une infection sévère par le VRS peut précipiter ou révéler une maladie cardiovasculaire non diagnostiquée auparavant », est-il souligné.

Par rapport aux patients sans événement cardiaque aigu, ceux concernés présentaient deux fois plus de risque de conséquences sévères avec plus d'admission en soins intensifs (25,8 % contre 16,5 % ; aRR = 1,54) et de décès à l'hôpital (8,1 % contre 4,0 % ; aRR = 1,77). Ces résultats alimentent l’hypothèse de complications cardiaques associées à une plus grande sévérité de la maladie, analysent les auteurs.

Les auteurs s’interrogent aussi, via une comparaison avec la grippe et le Covid, sur les liens spécifiques entre pathologies cardiaques et infections à VRS. Ils relèvent que 14,5 % des plus de 50 ans hospitalisés avec une infection par le VRS souffraient d’insuffisance cardiaque aiguë. C’est plus que pour la grippe (de 5,5 % à 9 %) et le Covid (de 4 % à 8,5 %). Cela « concorde avec les études antérieures indiquant que les adultes souffrant d'insuffisance cardiaque chronique courent un risque accru de maladie grave due à une infection par le VRS », est-il souligné.

La vaccination changera-t-elle la donne ?

Au vu de la fréquence des complications cardiaques, les auteurs invitent à rapidement confirmer les infections par le VRS en laboratoire afin d’anticiper les issues défavorables. Aussi, alors que deux vaccins contre le VRS sont désormais proposés aux États-Unis pour les adultes de plus de 60 ans, les auteurs espèrent des retombées avec une réduction des événements cardiaques aigus. Leur étude sera certainement utile à l’évaluation comme référence épidémiologique pré-vaccinale.


Source : lequotidiendumedecin.fr