La bactérie Bacillus cereus, connue comme contaminant alimentaire à l'origine de toxi-infections alimentaires collectives, est aussi à l'origine d'infections nosocomiales, particulièrement dangereuses pour les prématurés. Elle a été identifiée par des chercheurs de l'INRA et de l'ANSES et des praticiens hospitaliers dans une étude publiée dans « Plos One ».
« Des cas sporadiques d'infections à l'hôpital ont été rapportés dans la littérature, en particulier chez des prématurés, mais nous ne disposions d'aucune information précise sur les souches à l’origine de ces cas ni sur l’incidence réelle de ces infections », indique au « Quotidien » Nalini Rama Rao, co-auteur de l'étude.
Huit patients sont décédés à la suite de l'infection
Cette étude a porté sur 39 patients provenant de neuf hôpitaux (dont des hôpitaux de l'AP-HP) et suivis de 2008 à 2012. Bacillus cereus a été isolée à partir de prélèvements sanguins de ces patients. Une caractérisation phénotypique et génotypique des différentes souches a été effectuée. Près de 41 % des souches étaient issues de nouveau-nés (dont 3/4 de prématurés), 26 % provenaient de patients de plus de 60 ans et 23 % concernaient des patients d'âge moyen.
Pour la première fois selon les auteurs, la capacité d'une souche donnée de Bacillus cereus à persister au sein de l'hôpital et à infecter plusieurs patients sur plus de 2 ans, hospitalisés dans des services différents, a été mise en évidence. De plus, des souches identiques ont également été retrouvées dans des hôpitaux distincts. « Bacillus Aureus est donc une source de contamination pour les patients fragiles hospitalisés », souligne Nalini Rama Rao.
Sur les 39 patients, 8 sont décédés des suites de l'infection, dont quatre prématurés. « Notre étude a l'intérêt de pointer le danger que représente Bacillus cereus », estime Nalini Rama Rao. Cette bactérie ubiquitaire est capable de former des spores ultrarésistantes. « La plupart des procédures de nettoyage sont inefficaces face à cette bactérie. C'est pourquoi il convient de bien diagnostiquer l'infection afin de mettre en place une antibiothérapie adaptée », note la chercheuse.
Distinguer les souches pathogènes des non pathogènes
Les deux principales toxines produites par la bactérie, NHE et HBL, ont également été étudiées. « Elles ont un rôle potentiel dans la pathogénie, mais n'expliquent pas tout. La suite de notre travail va consister à mieux comprendre les mécanismes, pour, à terme, proposer des méthodes diagnostiques permettant de discriminer les souches pathogènes des non pathogènes afin de traiter uniquement les patients concernés et éviter les problèmes d'antibiorésistance », avance Nalini Rama Rao.
Elle précise : « L'étude a porté sur un petit nombre de cas, il faut donc rester prudent sur l'extrapolation des chiffres. Il est toutefois probable que le nombre d'infections à Bacillus cereus soit sous-estimé. »
« Le regard sur cette bactérie a commencé à changer lorsqu'elle a été mise en cause dans l'affaire du lactarium de l'hôpital Necker en 2016. Avec ces résultats, nous souhaitons continuer de sensibiliser les pouvoirs publics pour une plus grande vigilance », conclut Nalini Rama Rao.
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