Rendu public à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, un nouveau rapport de l’ONUSIDA met en lumière le fait que les hommes sont moins susceptibles d’effectuer un dépistage du VIH ou d’avoir accès aux thérapies antirétrovirales, et plus susceptibles de décéder de maladies associées au sida que les femmes.
En 2016, on estimait à 20,9 millions le nombre de personnes ayant accès aux traitements antirétroviraux, sur les 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH. Environ 1,8 million de personnes ont été infectées et 1 million sont décédées à la suite de maladies associées au sida.
La moitié des malades masculins sous traitement
Nommé « Blindspot » (angle mort en français), le rapport de l'ONUSIDA précise que la moitié seulement des hommes séropositifs au VIH sont sous traitement contre 60 % des femmes. Les hommes sont plus susceptibles que les femmes de débuter le traitement tardivement, de l’interrompre et d’être perdus au cours du suivi du traitement.
En Afrique subsaharienne, les hommes vivant avec le VIH ont 20 % de chances en moins de connaître leur état sérologique que les femmes, et sont moins susceptibles, à 27 %, d’avoir accès au traitement. « Lorsque les hommes ont accès aux services de traitement et de prévention du VIH, apparaît alors un triple bénéfice, ajoute le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé. Ils se protègent eux-mêmes, ils protègent leurs partenaires sexuels et ils protègent leur famille. »
Le rapport explique les difficultés d'accès des hommes au traitement par la discrimination, le harcèlement et le refus des services de santé. Ainsi, une étude menée en Afrique du Sud a montré que 70 % des hommes décédés de maladies associées au sida n’ont jamais cherché à se faire traiter. Une autre explication réside dans le fait que 80 % des 11,8 millions de personnes qui s'injectent des drogues, une population précaire et à fort risque d'infection, sont des hommes.
Le préservatif recule
En Australie, en Europe et aux États-Unis, l'usage du préservatif a reculé. Aux États-Unis, le pourcentage d'hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes sans utiliser de préservatif est passé de 35 % à 41 % entre 2011 et 2014. « Si nous laissons ces comportements s’installer, nos espoirs de mettre fin à l'épidémie d’ici 2030 seront anéantis », s'alarme Michel Sidibé.
L'ONUSIDA exhorte les programmes sur le VIH à accélérer l’utilisation des services de santé par les hommes et à leur en faciliter la disponibilité. L'organisation préconise la mise à disposition de services de santé sur mesure, notamment la prolongation des heures ouvrables, l’utilisation des pharmacies pour fournir des services de santé aux hommes, la sensibilisation des hommes dans leurs lieux de travail et leurs loisirs, notamment les bars et les clubs de sport, et l’utilisation de nouvelles technologies de communication telles que les applications sur téléphone mobile.
120 000 enfants décédés en 2016
Selon les chiffres actualisés de l'UNICEF, le sida a coûté la vie à 120 000 enfants de moins de 14 ans en 2016. L'UNICEF estime que 3,5 millions d’adolescents seront nouvellement infectés d’ici à 2030 si la tendance se poursuit.
« Il est inacceptable qu’autant d’enfants continuent de mourir du sida et que si peu de progrès soient réalisés pour empêcher les adolescents de contracter le VIH », déclare le Dr Chewe Luo, chef de la section VIH/sida au sein de l’UNICEF. Une analyse de l’UNICEF indique en outre que les objectifs fixés au sein du cadre « Start Free, Stay Free, AIDS free », élaboré en 2016 pour accélérer l’action en vue de mettre fin au sida chez les enfants d’ici à 2020, ne seront pas atteints.
L'UNICEF précise cependant que 2 millions de transmissions de la mère à l'enfant ont été évitées depuis 2000. Mais elle rappelle que seuls 43 % des enfants exposés au virus sont testés, conformément aux recommandations, au cours de leurs deux premiers mois de vie. De plus, moins de la moitié des enfants vivant avec le VIH bénéficie d’un traitement antirétroviral, pourtant essentiel à leur survie.
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