LA SCHISTOSOMIASE, également connue sous le nom de bilharziose, résulte de l’infection par cinq espèces de trématodes : Schistosoma japonicum, S. mansoni, S. hæmatobium, S. intercalatum et S. mekongi. Dans le monde entier, plus de 207 millions de personnes sont touchées.
En ce qui concerne la Chine, grâce à des programmes de contrôles, on est passé de 11,6 millions de cas au milieu des années 1950 à 726 000 en 2004. Mais, dans les régions endémiques, les chiffres stagnent : prévalence de 4,9 % en 1995 et de 5,1 % en 2004. Il fallait obtenir davantage. Des scientifiques chinois ont donc entrepris une étude d’intervention dans 4 villages situés à proximité du lac Poyang, dont la superficie est de 4 350 km 2 pendant la saison de pluies et de 3 500 km 2 pendant la saison sèche :
- deux villages d’intervention, Aiguo (où le taux d’infection de l’homme est de 10 %) et Xinhe (où il est de 5 à 10 %), tous deux situés dans la région de Jinxian ;
- deux villages contrôles, Ximiao et Zhuxi, situés dans la région de Xingzhi, où la prévalence est de 5 à 10 %.
L’eau contaminée.
Les habitants d’Aiguo et de Xinhe ont des activités de fermier dans les herbages et de pêcheur dans le lac. Les herbages sont infestés par des escargots de l’espèce oncomelania. Ce escargots sont infectés par la larve (miracide) de S. japonicum provenant des ufs présents dans les fèces des humains ou des bovins. Les humains et les troupeaux sont eux-mêmes infectés quand ils sont en contact avec de l’eau contaminée. Bien que l’infection puisse survenir de mars à novembre, il existe un pic pendant la saison des pluies, de juin à septembre, quand le lac déborde et inonde les prés. Les villageois entrent en contact avec l’eau infectée lors d’activités quotidiennes comme la pêche, la culture, le désherbage, la lessive ou les baignades. Les troupeaux sont les seuls animaux domestiques qui vivent dans les herbages.
Robinets, sanitaires, éducation.
Avant la mise en route de l’étude, des interventions ont eu lieu dans ces villages : praziquantel pour les villageois et leurs troupeaux, éducation pour inciter les gens à éviter les zones infestées par les escargots et les eaux du lac. Interventions qui ont été poursuivies pendant la période de l’étude (mai 2005 à novembre 2007) au cours de laquelle des mesures complémentaires ont été prises pour empêcher l’infection des escargots :
- action sur la source animale avec interdiction de faire paître le bétail dans les herbages (316 petites machines agricoles ont été données aux fermiers pour remplacer le bétail) ;
- action sur la source humaine par amélioration des sanitaires avec installation de robinets d’eau dans 662 logements (constructions de 215 puits particuliers et 2 puits publics), constructions de 643 WC particuliers et 7 latrines publiques avec 3 fosses septiques ; équipement de tous les bateaux de containers à matières fécales de façon à éviter la contamination du lac ;
- programme d’éducation sanitaire, le message étant d’expliquer la contamination des escargots par les fèces des animaux et des hommes ; escargots qui deviennent sources de contamination pour le bétail et les hommes.
Les résultats sont encourageants :
- après trois saisons, le taux d’infection chez les humains a baissé à moins de 1 % dans les villages d’intervention (régression de 11,3 % à 0,7 % dans un village et de 4 à 0,9 dans l’autre ; p < 0,001) Dans les villages contrôles, le taux d’infection a fluctué mais est resté au niveau de la ligne de départ. Dans les villages d’intervention, le pourcentage de sites dans lesquelles sont présents des escargots contaminés a baissé de 2,2 % à 0,1 % dans une zone d’herbage et de 0,3 à zéro (aucune infection) dans l’autre. Enfin, le taux d’infection de souris après exposition à l’eau du lac est passé de 79 % à zéro (aucune infection).
Long-De Wang et coll. New England Journal of Medicine du 8 janvier 2009, pp. 121-128 et l’éditorial de Charles King pp. 106-109.
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