Pourquoi le continent africain est-il résistant face aux épidémies de Zika ? Sous-espèce invasive Aedes aegypti, ubiquitaire en Amérique du Sud et qui se développe en zone péridomestique, serait beaucoup plus apte à transmettre le flavivirus que son homologue « sauvage » majoritaire en Afrique, Aedes aegypti formosus, révèle une étude Pasteur/CNRS dans « Science ».
L’équipe internationale dirigée par Louis Lambrechts a réalisé une première série d’essais sur 14 colonies de moustiques : à dose équivalente, les espèces africaines (collectées au Cameroun, en Ouganda et au Gabon) s’infectaient moins facilement que les sous-espèces d’origine non africaine (Colombie, Guyane Française, Guadeloupe, Thaïlande et Cambodge). De plus, la probabilité de transmission était moindre avec les moustiques africains que les insectes sud-américains.
« Cette étude renforce notre compréhension de l’épidémiologie du Zika, explique Louis Lambrechts au « Quotidien ». On comprend un peu mieux pourquoi le virus épargne le continent africain, en dehors des régions où les deux sous-espèces s’hybrident comme à l’ouest du Sénégal et en Angola ». Si la différence de compétence vectorielle entre les sous-espèces n’est pas encore élucidée, « on est certain qu’il s’agit d’une cause génétique », ajoute le chercheur.
Ces travaux soulèvent des craintes quant à un risque épidémique favorisé par le réchauffement climatique et l’urbanisation. En septembre dernier, une étude américaine de l’université de Princeton a montré que les régions africaines les plus sèches et les plus urbanisées sont aussi celles où l’on observe une plus grande domestication des moustiques. « Ces données suggèrent que le réchauffement climatique pourrait être corrélé à une augmentation de la circulation de Zika sur le continent africain », craint Louis Lambrechts.
(1) Aubry F et al. Science, 20 novembre 2020;370:991–6.
(2) Rose N et al. Current Biology, 21 septembre 2020;30(18):3570-9.
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