« NOUS AVONS démontré pour la première fois que le sepsis sévère est associé de façon indépendante, à des déficits cognitifs et fonctionnels persistants. Le sepsis sévère est associé à un triplement du risque de trouble cognitif modéré à sévère… (et ) à 1,5 fois plus de risque de survenue de nouvelles limitations fonctionnelles chez des patients déjà atteints de façon légère à modérée », écrivent Theodore J. Iwashyna (Ann Harbor, Michigan) et coll. L’étude avait été mise en place en raison de la méconnaissance des conséquences des infections sévères chez les personnes âgées, qui tout à la fois influent négativement sur la qualité de vie et majorent les dépenses de santé… Alors qu’une prévention semble possible.
Afin d’évaluer ces modifications, l’équipe s’est intéressée à une cohorte américaine de sujets résidant en institution. Entre 1998 et 2006, plus de 9 000 personnes ont bénéficié d’une évaluation cognitive et fonctionnelle. Parmi eux, une cohorte de 1 194 patients, représentant 1 520 hospitalisations pour sepsis, a été enrôlée pour un suivi prospectif. Chez eux, la mortalité à 90 jours après l’infection grave était de 41,3 % ; à 5 ans elle s’élevait à 81,9 %. Un suivi d’un an au minimum a été possible sur les 516 individus qui ont survécu à 623 épisodes de sepsis grave. L’évaluation des déficits a été faite à partir de questionnaires réalisés auprès des patients ou de leurs proches.
Un odd ratio à 3,34.
L’âge moyen des survivants, au moment de l’hospitalisation, était de 76,9 ans. Par rapport à l’état antérieur, la prévalence de troubles cognitifs modérés à sévères a augmenté de 10,6 % parmi les survivants, ce qui établi un odd ratio (OR) à 3,34. De la même façon, en ce qui concerne l’apparition de nouveaux déficits fonctionnels, l’OR est calculé à 1,57, pour ceux qui n’avaient aucune atteinte, et à 1,50 pour ceux qui étaient déjà porteurs de handicaps légers à modérés. Les déficits acquis persistent au moins 8 ans. À l’inverse, les hospitalisations pour une cause autre qu’une infection ne créent aucune majoration des deux risques concernés.
« L’ampleur de ces nouveaux déficits est notable, écrivent les auteurs, conduisant à un tournant dans l’aptitude des patients à continuer à vivre de façon indépendante. » Ils ajoutent que ce déclin est associé à l’augmentation significative des soins à fournir, des admissions en établissements pour personnes handicapées, des états dépressifs et de la mortalité.
Les auteurs concluent sur la nécessité d’identifier les mécanismes responsables et les moyens d’intervention qui en découleraient. Pour l’instant, ils incriminent un phénomène inflammatoire direct et une hypoperfusion des muscles et des neurones, en lien avec l’immobilité, ainsi qu’une hypoperfusion cérébrale.
JAMA vol 304, n° 16, pp. 1787-1794.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?