Les objectifs de réduction de 40 % des décès liés au paludisme entre 2016 et 2020 ne seront pas atteints. Le couperet est tombé : la dernière édition du rapport mondial sur le paludisme de l'organisation mondial de la santé (OMS) constate pour la 2e année consécutive une stagnation du nombre de nouveaux cas de paludisme dans le monde après plus d'une décennie de progrès continus.
En 2017, on a dénombré 219 millions de nouveaux cas, contre 217 l'année précédente, 214 en 2015. Même si les estimations du nombre de cas de paludisme pour 2017 sont en baisse de 20 millions par rapport à 2010, les données pour la période 2015-2017 mettent en évidence l’absence de progrès significatif pendant cette période. Au niveau mondial, l’incidence du paludisme a reculé entre 2010 et 2017, passant de 72 cas pour 1 000 habitants exposés au risque de paludisme à 59 pour 1 000.
Même si ces chiffres représentent une baisse de 18 % sur la période, le nombre de cas pour 1 000 habitants exposés au risque de paludisme a stagné à 59 ces 3 dernières années. Au niveau mondial, le nombre de décès du au paludisme a été estimé à 435 000 contre 451 000 en 2016 et 607 000 en 2010.
Quelques succès viennent adoucir le tableau : aucune nouvelle transmission du Plasmodium falciparum a été enregistrée en Chine et au El Salvador depuis 2017, alors que le paludisme y était une maladie endémique. En 2018, l'OMS a également officialisé la fin du paludisme au Paraguay, premier pays à obtenir ce statut depuis 45 ans. Les dossiers de l'Algérie, de l'Argentine et de l'Ouzbékistan sont en cours d'étude.
3 milliards de dollars manquent à l'appel
« Nous arrivons clairement au bout de ce que nous pouvons faire avec les fonds dont nous disposons, réagit le Dr Pedro Alonso, directeur du programme global de lutte contre le paludisme. Pour atteindre les objectifs d’ici 2030, le financement pour lutter contre le paludisme devrait s’élever à au moins 6,6 milliards de dollars par an d’ici 2020 », soit 5,8 milliards d'euros environs. Avec seulement 3,1 milliards de dollars en 2017 (dont 1,3 a transité par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme), soit 2,7 milliards d'euros, on est loin du compte.
Sur ce sujet, les auteurs du rapport notent toutefois que la crainte d'une baisse des crédits alloués au fond mondial par les États-Unis, suscitée par les déclarations du président Donald Trump, n'a finalement pas eu lieu. Les États-Unis ont été le premier bailleur de fonds international pour les programmes de lutte contre le paludisme, avec 1,2 milliard de dollars investis en 2017, soit 39 % du total. « Nous attendons beaucoup de la reconstitution du Fond mondial l'année prochaine », ajoute le Dr Alonso.
En réponse à cette situation, l'OMS lance une nouvelle politique de lutte contre le paludisme centré sur des plans nationaux mis au point localement, pays par pays. L'idée est de concentrer les efforts sur les pays les plus touchés. Quinze pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde ont concentré quasiment 80 % du nombre total de cas de paludisme dans le monde, parmi lesquels 5 ont enregistré près de la moitié des cas : le Nigeria (25 %), la République Démocratique du Congo (11 %), le Mozambique (5 %), l’Inde (4 %) et l’Ouganda (4 %). Les 10 pays où le paludisme sévit le plus en Afrique ont rapporté une hausse du nombre de cas en 2017 par rapport à 2016. À l’inverse, l’Inde a déclaré 3 millions de cas en moins durant la même période, soit une baisse de 24 % par rapport à 2016.
« Personne ne devrait mourir du paludisme, martèle le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Le monde fait face à une nouvelle réalité : à mesure que nous ne progressons plus, nous risquons de gaspiller des années de dur labeur, d’investissements et de réussite en termes de diminution du nombre de personnes souffrant de la maladie ».
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