LA TRYPANOSOMIASE africaine, plus connue sous le nom de maladie du sommeil, serait-elle en train de quitter le cercle trop large des « Tropical Neglected Diseases », ces 14 maladies tropicales négligées ? Il est permis de l’espérer en tout cas. Des chercheurs de l’université de Dundee en collaboration avec les équipes des universités de York et de Toronto suggèrent une piste thérapeutique prometteuse dans la maladie du sommeil. Jusqu’à présent, l’arsenal thérapeutique disponible est pauvre, mal toléré et peu efficace, en particulier au stade avancé de la maladie. Grâce au soutien de l’UNICEF et de l’OMS, les scientifiques ont ainsi identifié une cible moléculaire très intéressante : la N-myristoyltransférase (NMT). Le blocage de cette enzyme parasitaire a entraîné rapidement la mort de Trypanosoma bruceiin vitro et in vivo. Des souris infectées ont même été guéries après administration d’inhibiteurs NMT à haute affinité. Les propriétés pharmacologiques de ces composés laissent penser qu’il serait possible de mettre au point un traitement par voie orale chez l’homme.
Pas de contrepoids à la mouche tsé-tsé.
Transmis par la piqûre de la mouche tsé-tsé, Trypanosoma brucei est responsable de la maladie du sommeil. Cette affection touche à la fois les hommes et les animaux. La maladie est endémique dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, couvrant 36 pays environ et menaçant potentiellement 60 millions de personnes. On estime que 50 000 à 70 000 individus sont contaminées chaque année. La maladie se compose de deux stades. Initialement, les symptômes sont à type de fièvre, de céphalées et de douleurs articulaires. Des adénopathies parfois volumineuses sont observées, compte tenu du mode de dissémination sanguin et lymphatique. En l’absence de traitement, la maladie se complique à la phase tardive de troubles neurologiques à type de confusion, de fatigue, d’alternance entre agitation maniaque et assoupissement le jour et insomnie la nuit. Peu de médicaments existent. L’un à base d’arsenic entraîne des effets secondaires chez environ un patient sur 20 ; l’autre, l’eflornithine, est coûteux, nécessite une hospitalisation prolongée et n’est pas efficace dans les deux phases de la maladie. De plus en plus de résistances sont rapportées, ce qui fait craindre l’absence de tout traitement à l’avenir.
Les chercheurs estiment que les conséquences de l’inhibition de la NMT sont certainement complexes sur T.brucei, puisque plus de 60 protéines sont concernées par la transformation enzymatique. Les effets pléiotropes sur la physiologie parasitaire font de l’enzyme NMT une cible privilégiée pour lutter contre la maladie du sommeil. Ce qui explique sans doute la rapidité de destruction parasitaire et les changements morphologiques marqués, comme le phénotype BigEye et l’accumulation vésiculaire périflagellaire. Les inhibiteurs NMT n’ont été évalués que dans la première phase de la maladie, mais les scientifiques espèrent développer des composés efficaces dans la phase neurologique. Il est prévu que les premiers essais cliniques chez l’homme débutent dans 18 mois.
Nature, vol 464, 1er avril 2010. doi:10.1038/nature08893
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