La trypanosomiase, n'est pas qu'une simple « maladie du sommeil » transmise par la mouche tsé-tsé, n'en déplaise à son surnom populaire. Cette maladie parasitaire se traduit également par des perturbations graves des horloges biologiques réglant le bon fonctionnement de plusieurs organes et fonctions vitales.
Une équipe de chercheurs portugais dirigés par le Dr Luísa Figueiredo (faculté de médecine de l'université de Lisbonne) et le Pr Joseph Takahashi (centre médical de l'université du sud-ouest du Texas) a en effet démontré dans « Nature Communications » que les malades présentaient une accélération de leur rythme circadien, causé par une perturbation par le parasite Trypanosoma brucei gambiense des « gènes horloges ».
Les scientifiques ont travaillé sur la souris et ont observé des troubles du sommeil après l'injection du parasite. Les cycles de stimulation et d'inhibition des gènes horloges se succédaient à un rythme plus soutenu que dans chez des animaux non infectés. Ce phénomène semble spécifique à Trypanosoma brucei gambiense : aucune modification n'était observée chez des animaux infectés par du plasmodium (paludisme).
Un mécanisme encore inconnu
« Nous devons encore comprendre de quelle manière le parasite affecte le fonctionnement des gènes horloges, rappelle le Dr Figueiredo, est ce qu'il s'agit d'une sécrétion du parasite où d'une molécule produite par l'hôte en réponse à l'infection ? Si nous parvenons à comprendre la source exacte de ces perturbations, cela améliorera notre connaissance de la maladie et nous pourrons potentiellement trouver un moyen d'en combattre les effets », espère-t-elle. Le Dr Figueiredo s'est vu attribuer récemment une bourse du Conseil européen de la recherche (dépendante de la Commission européenne) pour travailler sur ce sujet.
L'année dernière un autre travail supervisé par le Dr Figueiredo et le Pr Takahashi, également publié dans « Nature Communications », avait montré que le parasite avait lui même un rythme circadien, et était plus sensible aux traitements administrés au cours de l'après-midi.
2 804 cas en 2015
Derrière le concept d'horloge biologique (qui a valu à Jeffrey Hall, Michael Rosbash et Michael Young un Prix Nobel l'année dernière), se cachent en réalité 2 notions : l'horloge biologique centrale directement calée par les signaux luminaux transmis par l'œil, et les horloges biologiques périphériques régulées en partie par l'horloge biologique centrale, et en partie par un ensemble de facteurs.
Les symptômes de la trypanosomiase sont une inversion des périodes de sommeil et de veille, une faiblesse musculaire et des démangeaisons. La maladie peut provoquer le décès du patient en quelques mois ou quelques années. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les efforts de lutte vectorielle ont permis de réduire le nombre des nouveaux cas passé en dessous de 10 000 en 2009. En 2015, 2 804 cas seulement ont été recensés. L'OMS précise que le diagnostic et le traitement de la maladie sont complexes et requièrent un personnel ayant des compétences particulières.
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