L'année de naissance d'un individu serait un bon indicateur de sa sensibilité future vis-à-vis des différentes souches de virus grippaux saisonniers et aviaires rencontrées, selon une étude publiée dans « Science ». Cette protection serait en lien direct avec le premier virus grippal auquel l'individu a été exposé durant son enfance, et plus particulièrement avec le groupe génétique auquel appartient ce virus.
Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs des universités d'Arizona et de Californie sont partis du constat que les deux principaux virus aviaires A (H7N9) et A (H5N1), qui font craindre l'émergence d'une pandémie grippale particulièrement meurtrière, affectent des groupes d'âge différents : H7N9 affecte plus particulièrement les personnes âgées, tandis qu'H5N1 touche principalement les enfants et les jeunes adultes. Ils sont partis de l'hypothèse que cette différence était liée à une immunité pré-existante des individus contre l'un ou l'autre de ces virus.
Les scientifiques se sont donc intéressés aux données disponibles sur les 1 400 personnes qui ont été touchées par ces virus aviaires de par le monde, principalement en Asie et au Moyen Orient.
Ils ont découvert que les personnes nées avant 1968 étaient plus sensibles aux virus du groupe 2 (dont le virus H7N9), et que celles nées pendant et après 1968 étaient plus sensibles aux virus du groupe 1 (dont le virus H5N1). Or, l'année 1968 a été marquée par une pandémie grippale particulièrement meurtrière, la « pandémie de Hong Kong », qui était liée à un virus du groupe 2. Or, avant 68, et depuis 50 ans, les virus saisonniers circulant étaient du groupe 1. À partir de 1968, les virus saisonniers circulants étaient du groupe 2.
C'est donc l'immunité acquise lors de la première infection grippale contractée pendant l'enfance qui permettrait d'expliquer la protection ou la sensibilité des individus vis-à-vis des virus rencontrés ultérieurement.
Cette immunité croisée réduit le risque d'infection sévère liée à H5N1 ou à H7N9 de 75 %, et le risque de décès de 80 %. « Nos résultats démontrent clairement que cette « empreinte de l'enfance » apporte une protection élevée contre une infection sévère ou la mort en lien avec les deux souches majeures d'influenza aviaire », souligne James Loyd-Smith, l'un des auteurs de l'étude. Les scientifiques n'ont cependant pas pu déterminer si cette empreinte fournissait une immunité suffisamment forte pour éviter l'infection ou si elle réduisait de façon substantielle le risque de maladie grave.
« Ces données vont à l'encontre du paradigme actuel qui voudrait que la totalité de la population soit sans défense en cas de pandémie causée par un nouveau virus influenza », fait remarquer Katelyn Gostic, l'auteur principal de l'étude. « Nos résultats suggèrent qu'il pourrait être possible de prévoir la distribution, par tranche d'âge, des infections sévères lors des futures pandémies, et de prédire la capacité des nouveaux virus grippaux issus de groupes génétiques différents à déclencher des épidémies majeures dans la population humaine », ajoute-t-elle.
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