La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et le Groupe de pathologie infectieuse (GPIP) de la Société française de pédiatrie interviennent sur saisine de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour faire des propositions adaptées à chaque situation de pénurie imminente ou installée. Les deux sociétés savantes ont été notamment sollicitées dans trois situations, qui illustrent parfaitement la diversité du type de réponse qui peut être apportée.
« La rupture de stock de fosfomycine IV a été relativement facile à gérer », souligne le Dr Bernard Castan. En effet, pour l’un de ses champs d’indications majeur, les infections à cocci gram + en particulier à S. aureus Meti-R, il existe de nombreuses alternatives. « Ceci nous a donc conduits à réserver cet antibiotique, aux infections documentées à bacilles à gram négatif multirésistants, en particulier non fermentants, quand il n’existe pas d’alternatives, en rappelant à cette occasion les alternatives à la fosfomycine en cas d’infection à cocci Gram+ » (1).
« La rupture de stock des pénicillines du groupe M injectables (oxacilline et cloxacilline) a nécessité une réponse adaptée en urgence », rapporte le Dr Castan. Ces antibiotiques sont largement utilisés, mais il existe une alternative, bien documentée, sans perte de chance pour le patient avec la céfazoline pour la majorité des situations cliniques impliquant un staphylocoque oxa-S. Des alternatives ont été listées, chez l’adulte et chez l’enfant, pour l’ensemble des situations (1). « Comme nous l’avons bien précisé, ces alternatives sont proposées par défaut dans le contexte de pénurie et elles ne remettent pas en cause le positionnement des pénicillines dans les recommandations », poursuit le Dr Castan.
Tout récemment, la saisine de l’ANSM a porté sur la rupture de stock imminente de l’association amoxicilline-acide clavulanique (AAC) IV, dans la forme 2 g chez l’adulte et 500 mg chez l’enfant. « Il s’agit là d’une situation plus complexe, car il n’existe pas d’alternative strictement équivalente et l’utilisation d’un antibiotique à plus large spectre augmente le risque d’apparition de résistances, rappelle le Dr Castan. Le GPIP a proposé un tableau de recommandations pour les infections pédiatriques. Chez l’adulte, la SPILF a préconisé d’utiliser l’AAC 1 g/200 mg associé à l’amoxicilline injectable 1 gr, à chaque administration, dans toutes les situations où l’AAC injectable 2 gr/200 mg est recommandé (2) ». Ce document ne se substitue pas aux recommandations en vigueur et deviendra de fait caduc dès que les deux dosages concernés seront à nouveau disponibles. Il insiste également sur l’importance de réserver cette antibiothérapie aux situations qui le justifie. « Il s’agit d’une solution à court terme, qui sera réévaluée après quelques semaines, l’idée étant de gérer la situation de crise sans proposer d’alternative avec des antibiotiques à spectre plus large », explique le Dr Castan, avant de souligner l’importance d’une anticipation de ces ruptures de stock.
L’actualité des derniers jours est marquée par un contingentement de la cefotaxime et des menaces sur une rupture d’approvisionnement de piperacilline-tazobactam.
Le groupe de travail réunissant des experts de l’ANSM, de la SPILF et du GPIP a donc encore de beaux jours devant lui.
D’après un entretien avec le Dr Bernard Castan, CH Ajaccio
(1) http://www.infectiologie.com/fr/ressources-sur-les-antibiotiques.html
(2) http://www.infectiologie.com/fr/actualites/amoxicilline-ac-clavulanique…
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